Le port de Madrestam était enfin en vue. La route avait été longue depuis le pont de l'île de Grobe. Deux jours et deux nuits à chevaucher à brides abattues, sans un mot. Seuls les râles et le souffle court des dragodindes se faisaient entendre. Astrae était mue par une force que ses amis ne lui connaissaient pas. Xeroxx et Carbon n'osaient briser le silence pesant régnant entre Chazuro et le grand Iop. Le regard du Sacrieur était empli d'une profonde tristesse. L'image de Sénécia, à terre, le visage en sang, le hantait. Comment Astrae avait-il pu l'abandonner pour courir après une chimère...
Astrae stoppa sa monture sur la place centrale du port. Il fit signe à ses compagnons de rester ici et s'engouffra dans une échoppe. L'intérieur tout en bois, d'aspect rustique, donnait une impression de chaleur qui contrastait avec le froid et l'humidité de l'eau qui faisait face à la bâtisse. Les marins appréciaient de s'y retrouver pour faire du commerce mais aussi pour parler, échanger des nouvelles au sujet des étranges événements qui se produisaient en mer ces derniers temps. Le pays semblait décidément sans dessus dessous, même au-delà de ses limites terrestres... Quelques vieux loups de mers étaient justement en plein débat, attablés autour d'un de leurs compères leur racontant ses mésaventures de la journée. L'un d'eux remarqua le Iop planté dans l'entrée, scrutant la pièce d'un air froid et concentré.
« Qui cherches-tu donc, mon ami ? »
Astrae, impassible, lui passa devant sans même y prêter attention.
« Gueurle, tu es là ? lança-t-il.
Dans l'arrière salle, jeune homme ! » répondit une petite voix éraillée.
Il se dirigea alors sans plus attendre vers une petite porte à côté du comptoir et pénétra dans ce qui aurait pu être apparenté à une véritable caverne aux trésors. Les murs étaient couverts du sol au plafond par des étagères pliant sous le poids de toutes sortes de produits, certains communs, d'autres moins... Perchée sur une échelle, se tenait une petite dame, au chignon aussi imposant que ses lunettes minuscules. Bien qu'elle eût l'air âgé, son agilité n'en était pas moins étonnante, jonglant avec différentes marchandises, le tout en équilibre à une hauteur qui devait bien faire 2 fois sa taille.
« Il y a bien longtemps que tu n'es pas venu me voir. De quoi as-tu besoin cette fois-ci ? Encore un viscère de scorbute ?
Non, je dois me rentre à Bonta. Te reste-t-il des places dans ton prochain convoi ? »
La petite vieille sauta prestement de son échelle et atterrit face à Astrae.
« A Bonta ? Toi, le parfait petit démon ? Enfin ce n'est pas mon affaire... oui, il me reste deux places, répondit l'Enue en consultant un petit carnet sorti de son tablier.
Très bien. Mon ami Chazuro et moi les prenons. Combien cela nous coûtera-t-il ? »
Elle le regarda d'un air à la fois amusé et réprobateur de la tenter ainsi.
« Rien ! Je te dois un service, tu le sais bien ! Vous serez dans la caravane numéro six. Le départ est dans quatre heures. Vous êtes arrivés à temps... »
Le jeune Iop ressorti, il annonça à Chazuro la suite des événements. Celui-ci ne répondit que par une moue dubitative. Xeroxx et Carbon comprirent aisément que leurs chemins allaient se séparer.
« Tu es sûr que tu ne veux pas qu'on vous accompagne ? » demanda le Sadida, à la fois un peu frustré de stopper l'aventure en si bon chemin et un peu inquiet pour ce qu'il allait advenir de ses deux nouveaux amis dans la ville ennemie.
« On pourrait attendre le prochain convoi et ensuite vous rattraper, ajouta l'Eca.
C'est très gentil et courageux de votre part mais vous avez déjà fait beaucoup. Le voyage jusqu'à Bonta risque d'être long et l'arrivée là-bas délicate. Je ne veux pas prendre le risque que l'on se manque et que cela tourne mal pour l'un de vous. Rentrez auprès des autres et passez-leur le bonjour de notre part, vous allez en avoir des choses à leur raconter ! Ils doivent se demander ce que vous êtes devenus...
Oui tu parles... Hap' doit sûrement organiser des tournées générales à notre santé... « pour nous soutenir » ! dit Carbon en esquissant un sourire ironique.
Bon, eh bien... nous vous souhaitons bonne chance, mes amis ! Il va vous en falloir... Et en cas de besoin, comme vient de le suggérer Carbon, vous savez où nous trouver ! » ajouta Xéroxx avec un clin d'oeil.
Astrae les remercia encore, leur promettant de revenir les voir en Amakna. Quelques poignées de main échangées plus tard, le Iop regardait ses deux compagnons chevaucher au loin, se demandant s'il pourrait honorer sa promesse. Il jeta un coup d'oeil à Chaz' qui n'avait pas pipé mot depuis Grobe et observait l'horizon d'un air impassible. Il semblait comme anesthésié. Astrae soupira et emmena son ami vers les roulottes. Ces grands chariots de voyage formaient un convoi stationné à quelques centaines de mètres de là, prêt à partir d'un instant à l'autre. Certains n'avaient pas tout-à-fait fini d'être chargés, d'autres étaient déjà pleins à craquer. Le Iop se demanda comment tout cela arrivait à tenir. En effet, les roulottes, sortes de grandes charrettes en bois recouvertes d'un auvent à hauteur d'homme posées sur de grandes roues étroites et cerclées de fer, n'avaient pas l'air très stables et solides. Les cahots de la route se feraient sûrement sentir... ce qui ne promettait pas un voyage des plus confortables... Les deux amis zigzaguaient au milieu du convoi lorsqu'ils tombèrent nez-à-nez avec la numéro six. Ces derniers soulevant le drap de lin qui servait à occulter l'entrée, une petite voix les accueillit :
« Bonjour, compagnons de voyage ! Je m'appelle Khrysalide ! Et vous ? »
Chazuro était assis à côté de Gueurle, il allait mieux. Depuis le départ de Madrestam, il avait eu le temps de réfléchir. Sénécia ne pouvait être morte et puis Xeroxx lui avait garantie que la pandalette s'était relevée pendant qu'eux prenaient la fuite. Finalement il comprenait la décision d'Astrae. Son ami, comme tout bon iop faisait passer les intérêts communs avant les personnels. L'histoire dans laquelle ils se trouvaient les dépassait grandement mais tout portait à croire que les Frozen Tears et le loup avait un grand rapport avec Hogmeiser et la guerre entre Bonta et Brakmar.
La victoire du pont de pandala n'était qu'une embuche dans la course à la domination des anges. Il le savait Bonta était plus forte, plus nombreuse et plus organisée que Brakmar. Astrae l'avait compris bien avant lui et avait pris les bonnes décisions pour essayer d'inverser le cours de l'histoire.
« Où sont les deux tourteraux ? »
La question de Gueurle, le tira de sa rêverie. Depuis le début du trajet, Astrae et Khrysalide ne se quittaient plus. La petite enue s'amusait à les taquiner et se glorifiait de les avoir présenté. Le sacrieur lui appréciait moyennement la situation. Son ami parlait beaucoup et même peut être trop à cette énie inconnu.
« Astrae doit encore lui raconter son premier combat contre un piou....
Serais-tu jaloux, jeune homme ? questionna l'énue
Moi ? non pas le moins du monde.
Hmm voir ton ami s'éloigner ainsi ne doit pas être facile, mais la vie est ainsi faite, continua Gueurle avec un regard malicieux.
C'est vrai... on court à travers le monde depuis bientôt 1 mois, et pour une fois que nous avons le temps de nous poser et de faire le point... il préfère se pavaner.
Khrysalide ne te plait pas ?
Si bien sûr, elle est gentille et attentive mais d'où vient-elle ?
Ahah... mystère ! Mais je te garantie que tu peux lui faire confiance. Elle est une amie précieuse, sa sagesse t'étonnera surement. Mais méfie toi quand même de son marteau.
C'est noté, répondit Chaz en esquissant un sourire.
Et puis profite du paysage, il viendra le moment venu ! Regarde ce magnifique serpentin.
Je n'aime pas ces bêtes là. J'en ai de cuisants souvenirs....
Ah raconte-moi ! ça me divertira
D'accord mais c'est une looongue histoire »
Dans la caravane numéro 6, l'ambiance était toute autre. Astrae d'habitude réservé, parlait, racontait, mimait, gesticulait devant la douce énie qui le couvait du regard.
«...et c'est à ce moment là que j'ai sorti mon épée pour nous tailler un chemin jusqu'à Jaken, j'ai fracassé une centaine de bontarien plus vil les uns que les autres. J'ai sauvé Pandala d'une déroute assuré.
Comme tu es fort... pour raconter des histoires, se moqua gentiment Khrysalide.
Tu ne me crois pas ? déçu que ses effets tombent à l'eau
Oh si ! ais tu n'étais pas seul à ce que je sache, lui répondit l'énie avec un clin d'œil.
C'est vrai Chazuro était là aussi et puis surtout la meute de loups, avoua le grand iop tout penaud.
A propos de ces loups vous n'avez pas trouvé le lien avec les Frozen Tears ?
Non et pourtant j'ai passé en revu l'ensemble du livre.
Raconte moi un morceau de cet ouvrage, dit l'enie curieuse de tout. »
Astrae se concentra un instant puis apercevant des Kanigou galopant dans les plaines de Cania, enchaina :
« Je me suis un jour retrouvé face à face avec un canigou des neiges. Deux Frozen étant avec moi, je pouvais donc me préoccuper d'autre chose que de me battre ou avoir peur : observer. Le scientifique que je suis s'est vraiment senti privilégié de pouvoir découvrir de tels spécimens. Il ressemblait évidemment au kanigrou de nos contrées mais présentait quelques évolutions morphologiques très intéressantes : il avait le poil plus long et plus dense, formant une épaisse fourrure idéale pour le protéger du froid, et ses incisives supérieures étaient curieusement plus développées... ce qui n'était pas franchement rassurant ! Heureusement, mes compagnons s'en sont occupés sans grande difficulté. Ce n'est tout de même pas un animal commode. Ses attaques sont assez frontales et virulentes. Mais ils savaient exactement où étaient ses points faibles et cela ne leur a pas pris longtemps pour en venir à bout. Les Givrés sont des chasseurs habiles et tirent parti assez admirablement de la variété d'espèces relativement raisonnable de l'île. Ainsi il m'est arrivé de manger du fameux canigou bien sûr, mais aussi de différentes espèces d'oiseaux étonnants comme le maguin, le pingoifu ou le chamguin. Mais je dois avouer que mon préféré était le morsguin royal : un délice en grillade !
Epatant cette île doit vraiment être magique ! s'exclama Khrysalide
Oui j'en suis sûr, répondit pensivement Astrae.... »
Et la conversation se poursuivit ainsi jusqu'au soir.
Thomas Sacre, faisait les cents pas dans son bureau. L'annoce de la défaite de Pandala avait fait courir un vent de panique dans la cité blanche. La peur des loups grandissait, et l'affolement était proche. Des cris dans le couloir l'alertèrent.... Le sombre monarque débarque et étale son pouvoir, la puissance de l'ombre s'installe... La porte s'ouvrit violement et Hogmeiser fît son entrée.
« Voila comment tu mène une guerre ? Vociféra-t-il »
Thomas préféra ne rien répondre, la colère de cette homme était sans bornes, il valait mieux ne pas l'affronter.
« Tu n'es qu'un incapable ! Ton père avait raison ! Ta sœur est meilleure dirigeante. Pandala n'était pas un objectif prioritaire. Je t'ai fait confiance une fois, car j'étais occupé par d'autres affaires urgentes mais tu n'as pas su saisir ta chance.
Comment une meute de loups pouvait elle être prévisible ? rétorqua Sacre.
Ca n'est pas le problème ! ton attaque était si prévisible qu'Emma avait envoyé sa meilleure troupe pour te contrer.
Le peuple n'en peut plus de cette guerre ! Il va se révolter ! A quoi sert-elle ? Où sont les monts et merveilles que vous nous avez promis ?
Du calme jeune homme, tu vois bien qu'il ne nous manque qu'un seul territoire et j'aurais les moyens de nous faire dominer le monde, tempera Hogmeiser en pointant du doigt l'immense carte accrochée au mur.
Ce territoire c'est Brakmâr elle-même ! Comme comptez vous vous y prendre ??
A mon époque et à celle de ton grand père ou de ton père on savait faire la guerre avec l'appui du peuple. Donne-leur des jeux, du pain, et de l'amusement et ils te suivront où que tu aille.
Des Jeux ???
Oui des jeux ! tu crois que l'arène de Bonta ne sert qu'à aider les jeunes aventuriers à battre un Bouftou Royal ? De l'ambition et de la splendeur que diable. Organise des duels, des combats épiques, offre la bière, et donne leurs du sang ! Utilise ces pierres d'âmes de ma réserve personnelle, conclu Hogmeiser en faisant signe à deux gardes d'apporter une grande malle dans la pièce.
Qu'y a-t-il dedans ? s'inquiéta Thomas
Que du bon ne t'inquiète pas. Ouvre la plus grosse que pour la meilleure équipe de combattant. Que la fête commence ! »
Chazuro écarta le rideau de la roulotte en criant « J'ai trouvé ! J'ai trouvé ! ». Asrtrae et Khrysalide le regardèrent surpris.
« Trouvé quoi ? dirent-ils en cœur.
Pourquoi Hogmeiser s'intéresse aux Frozen Tears !
Et ? pressa le iop
Ton bouquin intégré il a pas un chapitre sur la cordonnerie ?
Hmm non, enfin si ! il parle beaucoup de l'artisanat qu'ont développé les Frozen.
Il y a pas une recette de bottes ou de ceinture ?
Non l'auteur explique qu'il n'a pas été autorisé à voir les fabrications ou même connaitre les recettes. Par contre il mentionne que pour fabriquer leurs objets, les Givrés organisaient des expéditions sur le continent pour récupérer des ingréients pour ensuite les mélanger avec des ressources spécifiques à Frigost.
La voila donc la raison, souffla Khrysalide...
Explique nous, je ne la vois pas moi répondit Astrae en regardant l'énie plein d'espoir.
Ma mère a connu Hogmeiser, elle vivait dans le même village que lui, quand il a disparu. Elle me racontai quand j'était toute jeune, que Hogmeiser était le plus grand des cordonniers. La plupart des bottes qu'on connait actuellement, viennent de lui. Il inventait les recettes comme un imbécile enchaine les donjons blops. Et puis un jour, après avoir entendu un légende sur un continent perdu à la taverne, il a disparu de la circulation.
Un continent perdu dis-tu ?
Oui ! et je crois qu'il s'agit de Frigost. Imaginez qu'il ai trouvé l'île, ainsi que le repère des Frozen Tears. Un tel homme as du avoir des millions d'idées de nouvelles recettes à la vues de telles richesses. Il les as peut être même volé aux Frozen...
C'est possible en effet, répondit Chazuro qui était impressionné par l'intelligence de la petite énie. Mais comment expliquer le besoin de faire une guerre ?
Souviens-toi des paroles de Taiky, dit Astrae. Cette guerre ne ressemble pas à Thomas Sacre. C'est donc bien Hogmeiser qui doit la mener...
Le village brigandin pour les transports, se remémora le sacrieur. Et le but caché serait de mettre la main sur des ressources ??
Mais oui ! les dopeuls pour leurs pierres, les zoths pour les écussons et Tainéla pour le cuirs ! ceux sont des ingrédients courants pour la cordonnerie mais vite épuisés ! En prenant les transports et les territoires, il s'assure un approvisionnement régulier ! Mais quel va être son prochain objectif ?? »
Les Trois amis n'eurent pas le temps de se poser la question, un des osa assurant la protection de la caravane, vint leur dire de se taire, un point de contrôle Bontarien était en vue.
Depuis longtemps Gueurle organisait des convois commerciaux entre le port de Madrestam, point d'arrivage des ressources des l'iles de Moon, Pandala et Wabbit, et la cité de Bonta. Elle était aussi connue pour être à la tête d'un réseau de contrebande évitant les taxes et impôt de la ville blanche. Chaque trajet était préparé avec minutie, et ce premier point de contrôle de l'inquiétait pas outre mesure. Le garde (..) était une vieille connaissance, et contre un minimum de rémunération, il fermerait les yeux sur le contenu des chariots et sur les voyageurs
« Bonjour (...) ! Comment vas-tu ?
Ah Gueurle j'attendais ton passage ! la route a était bonne ?
Très bien très bien ! qu'elles sont les nouvelles de la ville ?
Aah la guerre toujours la guerre ! Mais Thomas Sacre organise des jeux à l'arène.
Des jeux ? Drôle d'idée ! Mais c'est bon pour les affaires, répondit l'énue imaginant déjà la masse de jeunes aventuriers achetant tout et n'importe quoi pour participer aux combats.
Oui ! d'ailleurs si une patrouille d'arrête aux portes de Bonta, dit leur que tu viens amener des concurrents pour les jeux !
Merci du tuyau ! Tiens voilà pour toi, comme d'habitude ! » conclu Gueurle en lançant un sac remplit de kamas au garde solitaire du poste avancé.
La fin du trajet passa très vite, de nombreux convois convergeaient vers Bonta. Le passage des portes fût plus facile que prévu. Les gardes étaient débordés, et les connaissances de la vieille énue furent suffisantes pour éviter la fouille réglementaire.
Nos deux amis dans leur chariot étaient un peu tendus. Pour eux c'étaient leur première visite dans l'immense cité ennemie. Chazuro fût marqué par la clarté de la ville. Les sombres ruelles de brakmar étaient à l'opposées des grandes avenues blanches qu'ils empruntaient actuellement. Astrae lui était marqué par l'ambiance dans la cité, ça fourmillait de partout, chaque bâtiment était un commerce, une taverne ou un atelier.
Après un parcours dans un dédale de rue et ruelle, Gueurle stoppa le convoi.
« Tout le monde descend rapidement, je ne veux plus un signe de vie dans cette rue dans cinq minutes. »
L'ensemble de ses employés se mirent au travail, il fallait décharger les chariots avant l'arrivée d'une patrouille. L'enue, elle, s'engouffra dans une maison, par ce qu'il ressemblait à une porte arrière. Astrae, Chazuro et Khrysalide, ainsi que d'autres voyageurs, la suivirent.
« Bienvenue, chez moi ! Pour le paiement de la deuxième moitié du trajet merci de bien vouloir vous adresser à (..). Vous trois suivez moi ! » annonça t elle en désignant nos trois compagnons.
Elle les emmena dans une petite pièce adjacente, elle grimpa l'escalier, et ouvrit une porte à l'aide du trousseau de clefs tintant à sa ceinture.
« Voila comme promis une chambre, partagez là, faites vos affaires en ville et soyez discret. Je vous laisse j'ai à faire au magasin. »
Ceci dit, elle fourra la clé dans la main de Khrysalide et s'éclipsa. Chazuro, tout heureux de voir une enfilade de lit, après un voyage très inconfortable, se jeta sur le premier en criant :
« Celui là c'est le mien !
Vous connaissez la ville ? S'enquit l'énie auprès d'Astrae.
Absolument pas et comme tu le sais nous devons trouver le port de Bonta.
Oui. Il va falloir fouiner en ville, passer pour des touristes venus pour les jeux et se renseigner discrètement. Je vous servirai de guide, mes affaires dans cette ville peuvent attendre une petite semaine. »
La ville de Bonta était sans dessus dessous. L'organisation des jeux troublait le calme habituel de la cité. Les abords de l'arène s'étaient transformés en une fête géante. Les vendeurs haranguaient les passants pour leur vendre toutes sortes de marchandises. Les aventuriers et guerriers les plus courageux faisait la queue devant le bureau des inscriptions. Le 1er prix avait attiré les foules : une paire de botte exclusive fabriqué par Hogmeiser. Le retour du grand cordonnier était maintenant de notoriété publique. Et avoir une de ses nouvelles créations ne pouvait que rapporter gloire et richesse. Tous voulaient être un des huit guerriers vainqueurs de la Giga pierre d'âme. Son contenu était encore inconnu mais les rumeurs les plus folles couraient dans les rues de Bonta.
« Commençons notre recherche par le magasin de Gueurle, indiqua Khrysalide. On y trouve beaucoup de choses et il n'y a pas meilleur endroit pour monnayer un renseignement. »
Astrae resta bouche bée en entrant dans l'échoppe bontarienne de Gueurle. Celle du port de Madrestam lui semblait maintenant bien petite et peu fournie. Il comprenait mieux à présent la richesse et la puissance de l'énue. Chaque coin de la maison était recouvert de trésors et ressources rares. Un grand comptoir séparait la salle en deux, d'un côté les clients se pressaient pour passer leurs commandes. De l'autre côté Gueurle s'occupait d'encaisser les paiements et criait à deux immenses iop d'apporter les différentes ressources.
« Tiens ! mais qui voilà ! »
Chazuro et Astrae se retournèrent d'un bloc. Taiky était derrière eux, tout sourire.
« Taiky ! Quel plaisir de te revoir ! que fais tu ici ?
Ce n'est pas le genre de questions que l'on pose dans cette échoppe, répondit l'énu dans un grand rire. Mais pour faire court je viens de vendre mes dindes et j'ai quelques courses à faire.
Tu as finalement attrapé tes amandes ?
Eh oui ! continua Taiky avec un sourire malicieux. Et vous que faites vous dans le repaire de cette chipie de Gueurle et en aussi charmante compagnie ? questionna l'enue en apercevant Khrysalide.
Toujours sur la route ! notre chasse continue, dit Chazuro en baissant la voix pour éviter les oreilles indiscrètes de certains clients. Nous sommes à la recherche du port de bonta.
Du port de.... ? hahaha ! la bonne blaque ! Vous me faites marcher non ?
Non c'est très sérieux....
Bonta n'a plus de port depuis bien longtemps...
Je me permets d'intervenir.... »
Un osa de stature moyenne, avait interrompu la conversation entre nos amis. Taiky le fusilla du regard. Khrysalide commença machinalement à jouer avec le marteau accroché dans son dos. Chazuro commença à tirer son épée de son fourreau. Même Gueurle qui suivait du coin de l'œil la scène passa une main sous le comptoir pour attraper sa pelle. On ne s'invite pas comme ça dans une conversation dans sa propre demeure.
« Que nous veux-tu ? souffla Astrae en serrant la mâchoire.
Juste vous renseigner, répondit l'osa en glissant une main dans sa poche.
Tout doux, pas de bêtises jeune homme siffla Taiky.
Vous croyez quoi ? que je vais vous attaquer tout seul ? J'ai juste entendu votre conversation et je veux vous aider. Je sais où se trouve le porte de Bonta. »
Après avoir lâché une telle information, l'osa leurs fît signe de le suivre dans un coin du magasin.
« Je m'appelle Trunks. Je ne connais pas grand monde à Bonta mais mon cousin tient l'hotel de vente des poissonniers, je dors chez lui le temps des jeux. Je suis venu pour tenter ma chance....
Et alors ce port ? l'interrompit Taiky
Doucement, j'y arrive. Donc mon cousin m'a raconté que le plus gros vendeur de poisson ne venait pas de sufokia comme on aurait pu le croire mais bel et bien de Bonta. J'ai été surpris car comme vous pour moi il n'y a pas de port à Bonta. Et c'est là que mon cousin m'a raconté l'étrange histoire de ce pêcheur. »
Trunks avait captivé son auditoire. Il leur raconta le récit des aventures d'un vieil énu du nom de Prospec. A une époque, le port de Bonta était un des plus grands au monde. Il rivalisait même avec celui de Madrestam ou de Sufokia. De nombreux pêcheurs avaient un commerce florissant. Le jeune énu, Prospec, lui ne rapportait que très rarement du poisson dans ses filets. Un jour pourtant il attrapa au bout de son hameçon un petit poisson doré. Tout heureux de sa découverte, il s'apprêtait à aller le vendre quand l'animal lui parla. « Non ! ne me vend pas ! je peux faire de toi le plus riche des pêcheurs ! ». Prospec intrigué écouta la proposition du petit poisson. S'il le relâchait, il aurait tous les jours de sa vie, une pêche heureuse et inégalée dans le port de Bonta dans un endroit inconnu de tous. L'énu pensa aux nombreuses richesses qu'il pourrait amasser, et pris la décision de relâcher le poisson. Depuis ce jour, les cales de son bateau reviennent toujours pleines à craquer de poissons en tout genre. Les autres pêcheurs jaloux d'un tel succès essayèrent de le suivre ou même de lui voler sa cargaison. Mais jamais ils ne réussirent. Peu à peu découragé les anciens partenaires de pêche de Prospec quittèrent le port le laissant à l'abandon. Bientôt l'enu se retrouva seul. En passant ce marché avec le petit poisson, il avait gagné en or, mais avait perdu la seul vraie richesse de sa vie, ses amis.
« C'est une belle et triste histoire mais ça nous dit pas où se trouve l'ancien port de Bonta dit Taiky en brisant le silence qui régnait après un tel récit.
Non ! Mais on sait où chercher l'énu qui a le dernier bateau de Bonta, enchaina Khrysalide. S'il vend tous les jours son poisson à l'hôtel de vente on doit pouvoir l'y trouver facilement.
C'est vrai ça, confirma Chazuro toujours plus étonné par la perspicacité et la sagesse de la petite enie.
La petite troupe se leva et sortit de l'échoppe de Gueurle. L'ambiance de la ville était survoltée. On connaissait enfin le contenue de la dernière pierre. Thomas Sacre allait offrir un spectacle époustouflant en libérant un Minotot, un Crocabulia, un Dragon cochon, un péki ainsi qu'un bworker, un ougah, et comble du comble Grozilla et Gasmera. Exceptionnellement le nombre de combattants autorisés allez être porté à 12. Mais que le combat serait épique et sanglant.
Nos amis profitèrent de cet état d'excitation générale pour se faufiler jusqu'à l'hôtel de vente des poissonniers. Ils n'eurent aucun mal à repérer un vieil énu seul et triste qui installait son étalage quotidien.
« C'est toi Prospec ? interrogea un peu brusquement Astrae
Oui c'est moi... quelle sorte de poiscaille veux tu ? Kalamar unique ? Sardine (...) ?
Rien de tout cela. Nous voulons aller au port de Bonta et après trouver quelqu'un qui nous emmène sur l'île de Frigost. »
Le vieil énu eu un haut le cœur.
« Frigost ? vous êtes bien sûr ?
Oui !
Je ne vais pas poser plus de questions que ça. La dernière fois ça m'a couté trois dents. Rendez-vous ce soir minuit porte Nord. Mais je n'ai que deux places. »
Le vieil énu commença à vendre son poisson. Ne prêtant plus aucune attention au groupe qui venait de lui parler.
La journée passa trop rapidement pour Astrae et Khrysalide. Ils avaient tout deux l'impression de se connaitre depuis toujours et la séparation proche était comme un déchirement pour eux. Taiky, lui, pris rapidement congé. Les affaires étaient les affaires et même si ces jeunes gens l'amusait beaucoup, ses dindes n'allait pas s'élever toutes seules. Trunks lui discutait avec Chazuro, il lui apprit qu'il venait d'Amakna. Le sacrieur le chargea d'un message pour les fanfarons de la taverne. L'osa tout heureux, d'avoir une mission qui paraissait importante les quitta après moult remerciements.
Le soir arriva enfin. Chazuro, Astrae et Khrysalide se rendirent à l'heure exacte au rendez vous. Prospec les attendait déjà. Sans un mot il leur fît signe de le suivre. Khrysalide regarda longuement Chazuro, elle lui prit la main et le rassura sur la suite de l'aventure. Puis elle enlaça Astrae et lui déposa un doux baiser sur la joue.
Prospec s'inpatienta, nos deux amis le suivirent en faisant de grands signes à la jolie petite énie qui les regardait s'éloigner. Astrae avait le cœur léger et la tête dans les étoiles.
Astrae stoppa sa monture sur la place centrale du port. Il fit signe à ses compagnons de rester ici et s'engouffra dans une échoppe. L'intérieur tout en bois, d'aspect rustique, donnait une impression de chaleur qui contrastait avec le froid et l'humidité de l'eau qui faisait face à la bâtisse. Les marins appréciaient de s'y retrouver pour faire du commerce mais aussi pour parler, échanger des nouvelles au sujet des étranges événements qui se produisaient en mer ces derniers temps. Le pays semblait décidément sans dessus dessous, même au-delà de ses limites terrestres... Quelques vieux loups de mers étaient justement en plein débat, attablés autour d'un de leurs compères leur racontant ses mésaventures de la journée. L'un d'eux remarqua le Iop planté dans l'entrée, scrutant la pièce d'un air froid et concentré.
« Qui cherches-tu donc, mon ami ? »
Astrae, impassible, lui passa devant sans même y prêter attention.
« Gueurle, tu es là ? lança-t-il.
Dans l'arrière salle, jeune homme ! » répondit une petite voix éraillée.
Il se dirigea alors sans plus attendre vers une petite porte à côté du comptoir et pénétra dans ce qui aurait pu être apparenté à une véritable caverne aux trésors. Les murs étaient couverts du sol au plafond par des étagères pliant sous le poids de toutes sortes de produits, certains communs, d'autres moins... Perchée sur une échelle, se tenait une petite dame, au chignon aussi imposant que ses lunettes minuscules. Bien qu'elle eût l'air âgé, son agilité n'en était pas moins étonnante, jonglant avec différentes marchandises, le tout en équilibre à une hauteur qui devait bien faire 2 fois sa taille.
« Il y a bien longtemps que tu n'es pas venu me voir. De quoi as-tu besoin cette fois-ci ? Encore un viscère de scorbute ?
Non, je dois me rentre à Bonta. Te reste-t-il des places dans ton prochain convoi ? »
La petite vieille sauta prestement de son échelle et atterrit face à Astrae.
« A Bonta ? Toi, le parfait petit démon ? Enfin ce n'est pas mon affaire... oui, il me reste deux places, répondit l'Enue en consultant un petit carnet sorti de son tablier.
Très bien. Mon ami Chazuro et moi les prenons. Combien cela nous coûtera-t-il ? »
Elle le regarda d'un air à la fois amusé et réprobateur de la tenter ainsi.
« Rien ! Je te dois un service, tu le sais bien ! Vous serez dans la caravane numéro six. Le départ est dans quatre heures. Vous êtes arrivés à temps... »
Le jeune Iop ressorti, il annonça à Chazuro la suite des événements. Celui-ci ne répondit que par une moue dubitative. Xeroxx et Carbon comprirent aisément que leurs chemins allaient se séparer.
« Tu es sûr que tu ne veux pas qu'on vous accompagne ? » demanda le Sadida, à la fois un peu frustré de stopper l'aventure en si bon chemin et un peu inquiet pour ce qu'il allait advenir de ses deux nouveaux amis dans la ville ennemie.
« On pourrait attendre le prochain convoi et ensuite vous rattraper, ajouta l'Eca.
C'est très gentil et courageux de votre part mais vous avez déjà fait beaucoup. Le voyage jusqu'à Bonta risque d'être long et l'arrivée là-bas délicate. Je ne veux pas prendre le risque que l'on se manque et que cela tourne mal pour l'un de vous. Rentrez auprès des autres et passez-leur le bonjour de notre part, vous allez en avoir des choses à leur raconter ! Ils doivent se demander ce que vous êtes devenus...
Oui tu parles... Hap' doit sûrement organiser des tournées générales à notre santé... « pour nous soutenir » ! dit Carbon en esquissant un sourire ironique.
Bon, eh bien... nous vous souhaitons bonne chance, mes amis ! Il va vous en falloir... Et en cas de besoin, comme vient de le suggérer Carbon, vous savez où nous trouver ! » ajouta Xéroxx avec un clin d'oeil.
Astrae les remercia encore, leur promettant de revenir les voir en Amakna. Quelques poignées de main échangées plus tard, le Iop regardait ses deux compagnons chevaucher au loin, se demandant s'il pourrait honorer sa promesse. Il jeta un coup d'oeil à Chaz' qui n'avait pas pipé mot depuis Grobe et observait l'horizon d'un air impassible. Il semblait comme anesthésié. Astrae soupira et emmena son ami vers les roulottes. Ces grands chariots de voyage formaient un convoi stationné à quelques centaines de mètres de là, prêt à partir d'un instant à l'autre. Certains n'avaient pas tout-à-fait fini d'être chargés, d'autres étaient déjà pleins à craquer. Le Iop se demanda comment tout cela arrivait à tenir. En effet, les roulottes, sortes de grandes charrettes en bois recouvertes d'un auvent à hauteur d'homme posées sur de grandes roues étroites et cerclées de fer, n'avaient pas l'air très stables et solides. Les cahots de la route se feraient sûrement sentir... ce qui ne promettait pas un voyage des plus confortables... Les deux amis zigzaguaient au milieu du convoi lorsqu'ils tombèrent nez-à-nez avec la numéro six. Ces derniers soulevant le drap de lin qui servait à occulter l'entrée, une petite voix les accueillit :
« Bonjour, compagnons de voyage ! Je m'appelle Khrysalide ! Et vous ? »
Chazuro était assis à côté de Gueurle, il allait mieux. Depuis le départ de Madrestam, il avait eu le temps de réfléchir. Sénécia ne pouvait être morte et puis Xeroxx lui avait garantie que la pandalette s'était relevée pendant qu'eux prenaient la fuite. Finalement il comprenait la décision d'Astrae. Son ami, comme tout bon iop faisait passer les intérêts communs avant les personnels. L'histoire dans laquelle ils se trouvaient les dépassait grandement mais tout portait à croire que les Frozen Tears et le loup avait un grand rapport avec Hogmeiser et la guerre entre Bonta et Brakmar.
La victoire du pont de pandala n'était qu'une embuche dans la course à la domination des anges. Il le savait Bonta était plus forte, plus nombreuse et plus organisée que Brakmar. Astrae l'avait compris bien avant lui et avait pris les bonnes décisions pour essayer d'inverser le cours de l'histoire.
« Où sont les deux tourteraux ? »
La question de Gueurle, le tira de sa rêverie. Depuis le début du trajet, Astrae et Khrysalide ne se quittaient plus. La petite enue s'amusait à les taquiner et se glorifiait de les avoir présenté. Le sacrieur lui appréciait moyennement la situation. Son ami parlait beaucoup et même peut être trop à cette énie inconnu.
« Astrae doit encore lui raconter son premier combat contre un piou....
Serais-tu jaloux, jeune homme ? questionna l'énue
Moi ? non pas le moins du monde.
Hmm voir ton ami s'éloigner ainsi ne doit pas être facile, mais la vie est ainsi faite, continua Gueurle avec un regard malicieux.
C'est vrai... on court à travers le monde depuis bientôt 1 mois, et pour une fois que nous avons le temps de nous poser et de faire le point... il préfère se pavaner.
Khrysalide ne te plait pas ?
Si bien sûr, elle est gentille et attentive mais d'où vient-elle ?
Ahah... mystère ! Mais je te garantie que tu peux lui faire confiance. Elle est une amie précieuse, sa sagesse t'étonnera surement. Mais méfie toi quand même de son marteau.
C'est noté, répondit Chaz en esquissant un sourire.
Et puis profite du paysage, il viendra le moment venu ! Regarde ce magnifique serpentin.
Je n'aime pas ces bêtes là. J'en ai de cuisants souvenirs....
Ah raconte-moi ! ça me divertira
D'accord mais c'est une looongue histoire »
Dans la caravane numéro 6, l'ambiance était toute autre. Astrae d'habitude réservé, parlait, racontait, mimait, gesticulait devant la douce énie qui le couvait du regard.
«...et c'est à ce moment là que j'ai sorti mon épée pour nous tailler un chemin jusqu'à Jaken, j'ai fracassé une centaine de bontarien plus vil les uns que les autres. J'ai sauvé Pandala d'une déroute assuré.
Comme tu es fort... pour raconter des histoires, se moqua gentiment Khrysalide.
Tu ne me crois pas ? déçu que ses effets tombent à l'eau
Oh si ! ais tu n'étais pas seul à ce que je sache, lui répondit l'énie avec un clin d'œil.
C'est vrai Chazuro était là aussi et puis surtout la meute de loups, avoua le grand iop tout penaud.
A propos de ces loups vous n'avez pas trouvé le lien avec les Frozen Tears ?
Non et pourtant j'ai passé en revu l'ensemble du livre.
Raconte moi un morceau de cet ouvrage, dit l'enie curieuse de tout. »
Astrae se concentra un instant puis apercevant des Kanigou galopant dans les plaines de Cania, enchaina :
« Je me suis un jour retrouvé face à face avec un canigou des neiges. Deux Frozen étant avec moi, je pouvais donc me préoccuper d'autre chose que de me battre ou avoir peur : observer. Le scientifique que je suis s'est vraiment senti privilégié de pouvoir découvrir de tels spécimens. Il ressemblait évidemment au kanigrou de nos contrées mais présentait quelques évolutions morphologiques très intéressantes : il avait le poil plus long et plus dense, formant une épaisse fourrure idéale pour le protéger du froid, et ses incisives supérieures étaient curieusement plus développées... ce qui n'était pas franchement rassurant ! Heureusement, mes compagnons s'en sont occupés sans grande difficulté. Ce n'est tout de même pas un animal commode. Ses attaques sont assez frontales et virulentes. Mais ils savaient exactement où étaient ses points faibles et cela ne leur a pas pris longtemps pour en venir à bout. Les Givrés sont des chasseurs habiles et tirent parti assez admirablement de la variété d'espèces relativement raisonnable de l'île. Ainsi il m'est arrivé de manger du fameux canigou bien sûr, mais aussi de différentes espèces d'oiseaux étonnants comme le maguin, le pingoifu ou le chamguin. Mais je dois avouer que mon préféré était le morsguin royal : un délice en grillade !
Epatant cette île doit vraiment être magique ! s'exclama Khrysalide
Oui j'en suis sûr, répondit pensivement Astrae.... »
Et la conversation se poursuivit ainsi jusqu'au soir.
Thomas Sacre, faisait les cents pas dans son bureau. L'annoce de la défaite de Pandala avait fait courir un vent de panique dans la cité blanche. La peur des loups grandissait, et l'affolement était proche. Des cris dans le couloir l'alertèrent.... Le sombre monarque débarque et étale son pouvoir, la puissance de l'ombre s'installe... La porte s'ouvrit violement et Hogmeiser fît son entrée.
« Voila comment tu mène une guerre ? Vociféra-t-il »
Thomas préféra ne rien répondre, la colère de cette homme était sans bornes, il valait mieux ne pas l'affronter.
« Tu n'es qu'un incapable ! Ton père avait raison ! Ta sœur est meilleure dirigeante. Pandala n'était pas un objectif prioritaire. Je t'ai fait confiance une fois, car j'étais occupé par d'autres affaires urgentes mais tu n'as pas su saisir ta chance.
Comment une meute de loups pouvait elle être prévisible ? rétorqua Sacre.
Ca n'est pas le problème ! ton attaque était si prévisible qu'Emma avait envoyé sa meilleure troupe pour te contrer.
Le peuple n'en peut plus de cette guerre ! Il va se révolter ! A quoi sert-elle ? Où sont les monts et merveilles que vous nous avez promis ?
Du calme jeune homme, tu vois bien qu'il ne nous manque qu'un seul territoire et j'aurais les moyens de nous faire dominer le monde, tempera Hogmeiser en pointant du doigt l'immense carte accrochée au mur.
Ce territoire c'est Brakmâr elle-même ! Comme comptez vous vous y prendre ??
A mon époque et à celle de ton grand père ou de ton père on savait faire la guerre avec l'appui du peuple. Donne-leur des jeux, du pain, et de l'amusement et ils te suivront où que tu aille.
Des Jeux ???
Oui des jeux ! tu crois que l'arène de Bonta ne sert qu'à aider les jeunes aventuriers à battre un Bouftou Royal ? De l'ambition et de la splendeur que diable. Organise des duels, des combats épiques, offre la bière, et donne leurs du sang ! Utilise ces pierres d'âmes de ma réserve personnelle, conclu Hogmeiser en faisant signe à deux gardes d'apporter une grande malle dans la pièce.
Qu'y a-t-il dedans ? s'inquiéta Thomas
Que du bon ne t'inquiète pas. Ouvre la plus grosse que pour la meilleure équipe de combattant. Que la fête commence ! »
Chazuro écarta le rideau de la roulotte en criant « J'ai trouvé ! J'ai trouvé ! ». Asrtrae et Khrysalide le regardèrent surpris.
« Trouvé quoi ? dirent-ils en cœur.
Pourquoi Hogmeiser s'intéresse aux Frozen Tears !
Et ? pressa le iop
Ton bouquin intégré il a pas un chapitre sur la cordonnerie ?
Hmm non, enfin si ! il parle beaucoup de l'artisanat qu'ont développé les Frozen.
Il y a pas une recette de bottes ou de ceinture ?
Non l'auteur explique qu'il n'a pas été autorisé à voir les fabrications ou même connaitre les recettes. Par contre il mentionne que pour fabriquer leurs objets, les Givrés organisaient des expéditions sur le continent pour récupérer des ingréients pour ensuite les mélanger avec des ressources spécifiques à Frigost.
La voila donc la raison, souffla Khrysalide...
Explique nous, je ne la vois pas moi répondit Astrae en regardant l'énie plein d'espoir.
Ma mère a connu Hogmeiser, elle vivait dans le même village que lui, quand il a disparu. Elle me racontai quand j'était toute jeune, que Hogmeiser était le plus grand des cordonniers. La plupart des bottes qu'on connait actuellement, viennent de lui. Il inventait les recettes comme un imbécile enchaine les donjons blops. Et puis un jour, après avoir entendu un légende sur un continent perdu à la taverne, il a disparu de la circulation.
Un continent perdu dis-tu ?
Oui ! et je crois qu'il s'agit de Frigost. Imaginez qu'il ai trouvé l'île, ainsi que le repère des Frozen Tears. Un tel homme as du avoir des millions d'idées de nouvelles recettes à la vues de telles richesses. Il les as peut être même volé aux Frozen...
C'est possible en effet, répondit Chazuro qui était impressionné par l'intelligence de la petite énie. Mais comment expliquer le besoin de faire une guerre ?
Souviens-toi des paroles de Taiky, dit Astrae. Cette guerre ne ressemble pas à Thomas Sacre. C'est donc bien Hogmeiser qui doit la mener...
Le village brigandin pour les transports, se remémora le sacrieur. Et le but caché serait de mettre la main sur des ressources ??
Mais oui ! les dopeuls pour leurs pierres, les zoths pour les écussons et Tainéla pour le cuirs ! ceux sont des ingrédients courants pour la cordonnerie mais vite épuisés ! En prenant les transports et les territoires, il s'assure un approvisionnement régulier ! Mais quel va être son prochain objectif ?? »
Les Trois amis n'eurent pas le temps de se poser la question, un des osa assurant la protection de la caravane, vint leur dire de se taire, un point de contrôle Bontarien était en vue.
Depuis longtemps Gueurle organisait des convois commerciaux entre le port de Madrestam, point d'arrivage des ressources des l'iles de Moon, Pandala et Wabbit, et la cité de Bonta. Elle était aussi connue pour être à la tête d'un réseau de contrebande évitant les taxes et impôt de la ville blanche. Chaque trajet était préparé avec minutie, et ce premier point de contrôle de l'inquiétait pas outre mesure. Le garde (..) était une vieille connaissance, et contre un minimum de rémunération, il fermerait les yeux sur le contenu des chariots et sur les voyageurs
« Bonjour (...) ! Comment vas-tu ?
Ah Gueurle j'attendais ton passage ! la route a était bonne ?
Très bien très bien ! qu'elles sont les nouvelles de la ville ?
Aah la guerre toujours la guerre ! Mais Thomas Sacre organise des jeux à l'arène.
Des jeux ? Drôle d'idée ! Mais c'est bon pour les affaires, répondit l'énue imaginant déjà la masse de jeunes aventuriers achetant tout et n'importe quoi pour participer aux combats.
Oui ! d'ailleurs si une patrouille d'arrête aux portes de Bonta, dit leur que tu viens amener des concurrents pour les jeux !
Merci du tuyau ! Tiens voilà pour toi, comme d'habitude ! » conclu Gueurle en lançant un sac remplit de kamas au garde solitaire du poste avancé.
La fin du trajet passa très vite, de nombreux convois convergeaient vers Bonta. Le passage des portes fût plus facile que prévu. Les gardes étaient débordés, et les connaissances de la vieille énue furent suffisantes pour éviter la fouille réglementaire.
Nos deux amis dans leur chariot étaient un peu tendus. Pour eux c'étaient leur première visite dans l'immense cité ennemie. Chazuro fût marqué par la clarté de la ville. Les sombres ruelles de brakmar étaient à l'opposées des grandes avenues blanches qu'ils empruntaient actuellement. Astrae lui était marqué par l'ambiance dans la cité, ça fourmillait de partout, chaque bâtiment était un commerce, une taverne ou un atelier.
Après un parcours dans un dédale de rue et ruelle, Gueurle stoppa le convoi.
« Tout le monde descend rapidement, je ne veux plus un signe de vie dans cette rue dans cinq minutes. »
L'ensemble de ses employés se mirent au travail, il fallait décharger les chariots avant l'arrivée d'une patrouille. L'enue, elle, s'engouffra dans une maison, par ce qu'il ressemblait à une porte arrière. Astrae, Chazuro et Khrysalide, ainsi que d'autres voyageurs, la suivirent.
« Bienvenue, chez moi ! Pour le paiement de la deuxième moitié du trajet merci de bien vouloir vous adresser à (..). Vous trois suivez moi ! » annonça t elle en désignant nos trois compagnons.
Elle les emmena dans une petite pièce adjacente, elle grimpa l'escalier, et ouvrit une porte à l'aide du trousseau de clefs tintant à sa ceinture.
« Voila comme promis une chambre, partagez là, faites vos affaires en ville et soyez discret. Je vous laisse j'ai à faire au magasin. »
Ceci dit, elle fourra la clé dans la main de Khrysalide et s'éclipsa. Chazuro, tout heureux de voir une enfilade de lit, après un voyage très inconfortable, se jeta sur le premier en criant :
« Celui là c'est le mien !
Vous connaissez la ville ? S'enquit l'énie auprès d'Astrae.
Absolument pas et comme tu le sais nous devons trouver le port de Bonta.
Oui. Il va falloir fouiner en ville, passer pour des touristes venus pour les jeux et se renseigner discrètement. Je vous servirai de guide, mes affaires dans cette ville peuvent attendre une petite semaine. »
La ville de Bonta était sans dessus dessous. L'organisation des jeux troublait le calme habituel de la cité. Les abords de l'arène s'étaient transformés en une fête géante. Les vendeurs haranguaient les passants pour leur vendre toutes sortes de marchandises. Les aventuriers et guerriers les plus courageux faisait la queue devant le bureau des inscriptions. Le 1er prix avait attiré les foules : une paire de botte exclusive fabriqué par Hogmeiser. Le retour du grand cordonnier était maintenant de notoriété publique. Et avoir une de ses nouvelles créations ne pouvait que rapporter gloire et richesse. Tous voulaient être un des huit guerriers vainqueurs de la Giga pierre d'âme. Son contenu était encore inconnu mais les rumeurs les plus folles couraient dans les rues de Bonta.
« Commençons notre recherche par le magasin de Gueurle, indiqua Khrysalide. On y trouve beaucoup de choses et il n'y a pas meilleur endroit pour monnayer un renseignement. »
Astrae resta bouche bée en entrant dans l'échoppe bontarienne de Gueurle. Celle du port de Madrestam lui semblait maintenant bien petite et peu fournie. Il comprenait mieux à présent la richesse et la puissance de l'énue. Chaque coin de la maison était recouvert de trésors et ressources rares. Un grand comptoir séparait la salle en deux, d'un côté les clients se pressaient pour passer leurs commandes. De l'autre côté Gueurle s'occupait d'encaisser les paiements et criait à deux immenses iop d'apporter les différentes ressources.
« Tiens ! mais qui voilà ! »
Chazuro et Astrae se retournèrent d'un bloc. Taiky était derrière eux, tout sourire.
« Taiky ! Quel plaisir de te revoir ! que fais tu ici ?
Ce n'est pas le genre de questions que l'on pose dans cette échoppe, répondit l'énu dans un grand rire. Mais pour faire court je viens de vendre mes dindes et j'ai quelques courses à faire.
Tu as finalement attrapé tes amandes ?
Eh oui ! continua Taiky avec un sourire malicieux. Et vous que faites vous dans le repaire de cette chipie de Gueurle et en aussi charmante compagnie ? questionna l'enue en apercevant Khrysalide.
Toujours sur la route ! notre chasse continue, dit Chazuro en baissant la voix pour éviter les oreilles indiscrètes de certains clients. Nous sommes à la recherche du port de bonta.
Du port de.... ? hahaha ! la bonne blaque ! Vous me faites marcher non ?
Non c'est très sérieux....
Bonta n'a plus de port depuis bien longtemps...
Je me permets d'intervenir.... »
Un osa de stature moyenne, avait interrompu la conversation entre nos amis. Taiky le fusilla du regard. Khrysalide commença machinalement à jouer avec le marteau accroché dans son dos. Chazuro commença à tirer son épée de son fourreau. Même Gueurle qui suivait du coin de l'œil la scène passa une main sous le comptoir pour attraper sa pelle. On ne s'invite pas comme ça dans une conversation dans sa propre demeure.
« Que nous veux-tu ? souffla Astrae en serrant la mâchoire.
Juste vous renseigner, répondit l'osa en glissant une main dans sa poche.
Tout doux, pas de bêtises jeune homme siffla Taiky.
Vous croyez quoi ? que je vais vous attaquer tout seul ? J'ai juste entendu votre conversation et je veux vous aider. Je sais où se trouve le porte de Bonta. »
Après avoir lâché une telle information, l'osa leurs fît signe de le suivre dans un coin du magasin.
« Je m'appelle Trunks. Je ne connais pas grand monde à Bonta mais mon cousin tient l'hotel de vente des poissonniers, je dors chez lui le temps des jeux. Je suis venu pour tenter ma chance....
Et alors ce port ? l'interrompit Taiky
Doucement, j'y arrive. Donc mon cousin m'a raconté que le plus gros vendeur de poisson ne venait pas de sufokia comme on aurait pu le croire mais bel et bien de Bonta. J'ai été surpris car comme vous pour moi il n'y a pas de port à Bonta. Et c'est là que mon cousin m'a raconté l'étrange histoire de ce pêcheur. »
Trunks avait captivé son auditoire. Il leur raconta le récit des aventures d'un vieil énu du nom de Prospec. A une époque, le port de Bonta était un des plus grands au monde. Il rivalisait même avec celui de Madrestam ou de Sufokia. De nombreux pêcheurs avaient un commerce florissant. Le jeune énu, Prospec, lui ne rapportait que très rarement du poisson dans ses filets. Un jour pourtant il attrapa au bout de son hameçon un petit poisson doré. Tout heureux de sa découverte, il s'apprêtait à aller le vendre quand l'animal lui parla. « Non ! ne me vend pas ! je peux faire de toi le plus riche des pêcheurs ! ». Prospec intrigué écouta la proposition du petit poisson. S'il le relâchait, il aurait tous les jours de sa vie, une pêche heureuse et inégalée dans le port de Bonta dans un endroit inconnu de tous. L'énu pensa aux nombreuses richesses qu'il pourrait amasser, et pris la décision de relâcher le poisson. Depuis ce jour, les cales de son bateau reviennent toujours pleines à craquer de poissons en tout genre. Les autres pêcheurs jaloux d'un tel succès essayèrent de le suivre ou même de lui voler sa cargaison. Mais jamais ils ne réussirent. Peu à peu découragé les anciens partenaires de pêche de Prospec quittèrent le port le laissant à l'abandon. Bientôt l'enu se retrouva seul. En passant ce marché avec le petit poisson, il avait gagné en or, mais avait perdu la seul vraie richesse de sa vie, ses amis.
« C'est une belle et triste histoire mais ça nous dit pas où se trouve l'ancien port de Bonta dit Taiky en brisant le silence qui régnait après un tel récit.
Non ! Mais on sait où chercher l'énu qui a le dernier bateau de Bonta, enchaina Khrysalide. S'il vend tous les jours son poisson à l'hôtel de vente on doit pouvoir l'y trouver facilement.
C'est vrai ça, confirma Chazuro toujours plus étonné par la perspicacité et la sagesse de la petite enie.
La petite troupe se leva et sortit de l'échoppe de Gueurle. L'ambiance de la ville était survoltée. On connaissait enfin le contenue de la dernière pierre. Thomas Sacre allait offrir un spectacle époustouflant en libérant un Minotot, un Crocabulia, un Dragon cochon, un péki ainsi qu'un bworker, un ougah, et comble du comble Grozilla et Gasmera. Exceptionnellement le nombre de combattants autorisés allez être porté à 12. Mais que le combat serait épique et sanglant.
Nos amis profitèrent de cet état d'excitation générale pour se faufiler jusqu'à l'hôtel de vente des poissonniers. Ils n'eurent aucun mal à repérer un vieil énu seul et triste qui installait son étalage quotidien.
« C'est toi Prospec ? interrogea un peu brusquement Astrae
Oui c'est moi... quelle sorte de poiscaille veux tu ? Kalamar unique ? Sardine (...) ?
Rien de tout cela. Nous voulons aller au port de Bonta et après trouver quelqu'un qui nous emmène sur l'île de Frigost. »
Le vieil énu eu un haut le cœur.
« Frigost ? vous êtes bien sûr ?
Oui !
Je ne vais pas poser plus de questions que ça. La dernière fois ça m'a couté trois dents. Rendez-vous ce soir minuit porte Nord. Mais je n'ai que deux places. »
Le vieil énu commença à vendre son poisson. Ne prêtant plus aucune attention au groupe qui venait de lui parler.
La journée passa trop rapidement pour Astrae et Khrysalide. Ils avaient tout deux l'impression de se connaitre depuis toujours et la séparation proche était comme un déchirement pour eux. Taiky, lui, pris rapidement congé. Les affaires étaient les affaires et même si ces jeunes gens l'amusait beaucoup, ses dindes n'allait pas s'élever toutes seules. Trunks lui discutait avec Chazuro, il lui apprit qu'il venait d'Amakna. Le sacrieur le chargea d'un message pour les fanfarons de la taverne. L'osa tout heureux, d'avoir une mission qui paraissait importante les quitta après moult remerciements.
Le soir arriva enfin. Chazuro, Astrae et Khrysalide se rendirent à l'heure exacte au rendez vous. Prospec les attendait déjà. Sans un mot il leur fît signe de le suivre. Khrysalide regarda longuement Chazuro, elle lui prit la main et le rassura sur la suite de l'aventure. Puis elle enlaça Astrae et lui déposa un doux baiser sur la joue.
Prospec s'inpatienta, nos deux amis le suivirent en faisant de grands signes à la jolie petite énie qui les regardait s'éloigner. Astrae avait le cœur léger et la tête dans les étoiles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire