La taverne sentait bon le sanglier rôti, la bière et le tabac. Une fois la lourde porte ouverte, on entrait dans un autre univers, fait d'alcool, de cris, de rires et de chants. Il y avait beaucoup de monde en ce début de soirée, ce qui procurait à la pièce une chaleur étouffante. Les gens se mêlaient les uns aux autres pour partager un verre et plaisanter. Certains devisaient tranquillement dans leur coin en dégustant de bons plats encore fumants, d'autres faisaient un concours à celui qui descendrait le plus de pintes en une minute. Un grand Sadida qui semblait avoir gagné la partie précédente braillait à tue-tête une chanson paillarde au sujet d'un Ougah, emportant ses compagnons de beuverie dans sa folie festive. Les serveuses sillonnaient la salle avec leurs plateaux, slalomant entre les tables sous le regard lubrique de quelques clients avinés. Un malotru risqua d'ailleurs une main baladeuse sur l'une d'elle...
« Hep ! Toi là-bas ! Range tes mains ! Si tu cherches un bordel, vas au port de Madrestam ! Pas de ça ici ! » intervint le tavernier, veillant au bon ordre de la salle.
Astrae et Chazuro regardèrent ce grand moustachu : il n'avait pas l'air commode... Couvrant tout le monde de sa grosse voix, il en imposait physiquement et se faisait respecter de tous les clients. On racontait même qu'il n'avait pas toujours été tavernier et qu'il avait par le passé fait partie des meilleurs chasseurs de prime qu'il eût existé. C'est sur cette « douce » pensée que nos deux amis s'approchèrent du comptoir. Un Xélor y était assis, le nez plongé dans sa pinte, se lamentant auprès du serveur.
« Tu comprends, elle est tellement...tellement....
Oui je sais, aérienne...en même temps, c'est une Enie ! ironisa le Panda en astiquant énergiquement ses verres. Ça fait des mois que tu m'en rabats les oreilles tous les jours, mon ami ! Pourquoi tu ne lui dis pas, tout simplement ? Je te laisse, j'ai des clients à servir. »
Il se dirigea alors vers nos compagnons.
« Qu'est-ce que je vous sers, messieurs ? Tant que vous ne finissez pas comme celui-là après... » dit-il avec un sourire en faisant signe de la tête vers le petit homme couvert de bandelettes. Nos amis se regardèrent d'un air ironique.
« Y'a aucun risque ! Deux grandes bières bien fraîches, s'il-vous-plaît. »
Ils se mirent ainsi, tout en sirotant leur délicieux breuvage, à scruter plus attentivement la clientèle à la recherche du Crâ. Mais il régnait une telle cohue, les gens passant et repassant dans tous les sens, qu'il était difficile d'y reconnaître qui que ce fût.
« Vous cherchez quelqu'un ? »
Chazuro sursauta en entendant la voix tonitruante du tavernier résonner dans son oreille.
« J'aime pas trop qu'on épie mes clients de cette façon ! Que voulez-vous ?
Heu... rien de particulier. Connaîtriez-vous par hasard un dénommé Hapero ? répondit Astrae, hésitant.
Si je le connais ? »
Un grand sourire se dessina sous la moustache de l'aubergiste...
A l'étage, au bout d'un couloir enfumé, une pièce, de laquelle s'échappaient rires et fracas, était éclairée. A l'intérieur, une partie de poker enflammée battait son plein.
« Tapis ! Et cette fois-ci, je vais gagner ! cria un Ecaflip à moitié nu.
Il te reste quoi à jouer après ta paire de bottes ? répliqua un Iop. Cette main est pour moi ! Je suis !
Tsss, t'y connais rien aux cartes ! continua le félin. Je suis sûr de mon coup !
Comme à chaque fois... » glissa un Sadida à la touffe bleue-verte.
Un Crâ au regard embrumé partit dans un bruyant éclat de rire à la remarque du Sadida.
« Tais-toi, Hap !! C'est un coup important ! râla le grand Iop, plus concentré que jamais.
Rooh allez, montrez vos cartes ! se reprit l'archer en vidant une pinte.
L'Ecaflip abattit son jeu, le Iop fit de même. Le chat se mit à bondir de partout dans la pièce.
« Wouhou ! Quinte flush !!Ahaha je vous ai eu !!! Rendez-moi mes fringues. Ah mais quel coup ! »
Le bruit et les discussions repartaient de plus belle quand soudain, un Sram jusque-là silencieux fit un signe de la tête à ses compagnons de jeux.
« On dirait qu'on est plus seuls : y'a du monde à la porte. » Ils dirigèrent alors tous leurs regards dans cette direction.
« Que voulez-vous ? questionna le Iop, que la défaite avait rendu amer.
Bonsoir ! Je suis Chazuro et voici Astrae. Nous cherchons un Crâ du nom d'Hapero.
Hips ! Présent ! répondit le Crâ d'une voix chargée d'alcool.
Votre ami Taiky nous envoit. Il...
Taiky ! s'exclama l'Ecaflip. Comment va ce vieux grincheux ?
Rooh laisse-les parler et rhabille-toi ! coupa le Sadida. Je suis Carbon. Le Iop qui fait la tronche, c'est Lagaffe. Le Sram se surnomme Chip's et l'Eca tout nu, c'est Xeroxx.
Eh bien ravis de faire votre connaissance ! Taiky nous a demandé de passer voir Hapero. Il a besoin d'aide pour chasser des dragodindes...
Hahaha ! Le vieux brigand ! Il trouve toujours des excuses ! S'il vous a envoyé ici, c'est que c'est vous qui avait besoin d'aide, pas lui. »
Nos deux amis se regardèrent, interloqués. Quel était encore ce piège dans lequel ils étaient tombés ?
« Détendez-vous, dit Hapero. Franchement, vous me voyez chasser des dindes ? Hips !
-A moins qu'elles soient couleur hydromel ! plaisanta Carbon.
-Eh... c'est une idée ça ! sourit le Crâ. Ouais enfin bref, « dinde amande » est le nom de code entre Taiky et nous pour « besoin d'aide ». Nous sommes une petite bande mais on a de l'organisation, hé hé ! Alors que faites-vous en Amakna ? »
Chazuro décida de raconter leur histoire. Après tout, Taiky semblait homme de confiance et ces joyeux lurons aussi. Les cinq compagnons écoutèrent avec attention son récit.
« ...Mais nous ne savons pas pourquoi Taiky nous a envoyé vers vous, conclut le Sacrieur.
Oh... c'est très simple : la bibliothèque est impossible d'accès depuis cinq jours. Une escouade bontarienne bloque l'accès. La rumeur court qu'un très haut dignitaire bontarien effectue des recherches à l'intérieur, répondit Lagaffe.
Ça va nous compliquer la tâche, sourit Xeroxx.
Quelle tâche ? demanda Astrae.
Eh bien, si Taiky pense qu'on doit vous aider, c'est évident que c'est pour vous permettre de pénétrer dans l'édifice, continua l'Eca.
Comment faire ? Forcer le passage ne sera pas discret...
Oh nous avons plus d'un tour dans notre sac ! Ne vous inquiétez pas. Demain soir, vous serez au milieu de tous les livres que vous voulez. Allez passer la nuit chez Lagaffe, ça sera notre point de départ pour cette mission qui promet d'être...hmm intéressante, dit-il en souriant. On vous expliquera demain. Pour le moment, nous avons une partie de cartes à finir !
Hapero mit ainsi fin à la conversation. Lagaffe se leva et leur demanda de les suivre. Il les mena jusqu'à sa demeure, une grande maison non loin de l'atelier des bijoutiers. Les deux voyageurs étaient tellement épuisés qu'ils ne virent rien d'autre autour d'eux que les lits qu'on leur offrait, sur lesquels ils s'endormirent presque aussitôt.
Le lendemain matin, quand Chazuro se réveilla, la maisonnée semblait déjà bien active. Astrae rentra dans la chambre à ce moment-là.
« Allez, debout feignant ! Il y a plein de choses à faire !
Doucement... crie pas si fort....
Il faut se préparer pour ce soir ! Au fait, la nouvelle vient d'arriver... Tainéla a été prise d'assaut par Bonta cette nuit...et Sénécia doit être cette Pandalette chevauchant le Bouftou Royal dont tout le monde parle...
Encore ! » Cette nouvelle eût pour effet de définitivement réveiller le Sacri. « Mais pourquoi une telle frénésie ? Et surtout pourquoi autant de défaites ?
Ça, j'en sais rien... Allez debout ! On nous attend. »
Au rez-de-chaussée, toute la petite troupe semblait s'activer. Chip's, le discret Sram, étudiait une carte, Xeroxx cirait ses bottes, Carbon confectionnait une jolie poupée et Hapero taillait des flèches. Lagaffe, lui, était en pleine discussion avec une jolie petite Enie autour de laquelle semblait flotter une aura douce et apaisante.
« Je n'arrive plus à travailler correctement avec cette guerre... Les ressources deviennent chères ou même introuvables.
Pourquoi donc ? questionna-t-elle.
Je sais pas, j'ai l'impression que tous les ingrédients des nouvelles régions bontariennes n'arrivent plus ou vont ailleurs...
Etrange...
Oui, c'est le mot. C'est vraiment impossible d'être artisan bijoutier-cordonnier dans ces conditions...
Oh te plains pas ! coupa Carbon. Tu as fait fortune grâce à ça, c'est pas une petite baisse d'activité qui va te ruiner !
Oui mais bon, c'est râlant....
Bonjour, je m'appelle Ninoxe, dit la petite fée en apercevant nos deux amis. Je suis la cousine de Xeroxx. Je vais vous aider pour cette nuit. »
Chazuro et Astrae la saluèrent puis demandèrent des explications sur l'organisation de cette expédition. Tout le monde s'installa autour de la grande table et Hapero prit la parole.
« On va se diviser en deux groupes. Vous deux avec Chip's et nous autres ensemble. Chip's connaît tous les souterrains du village, il vous emmènera dans les sous-sols de la bibliothèque. Ces idiots de Bontariens ne doivent pas les connaître ! Et nous, on va faire diversion à l'extérieur, exciter les anges, faire du bruit, se défouler un peu quoi !
Ça a l'air plutôt simple, dit Chaz'.
Pas tant que ça : Ninoxe, en venant, a repéré cinq gardes à l'extérieur du bâtiment. Il doit y en avoir autant en pause, plus peut-être certains à l'intérieur. Il faudra être prudent. Je ne voudrais pas perdre l'un d'entre nous au passage. »
Le Sacrieur était impressionné par le dévouement de cette petite bande d'amis qui était prête à tout pour leur venir en aide alors qu'ils ne les connaissaient qu'à peine. Une fois la mise au point achevée, chacun retourna à ses préparatifs.
La nuit venue, Chip's, Astrae et Chazuro partirent de leur côté. Une des entrées des souterrains d'Amakna se situait non loin de la demeure de Lagaffe. Le Sram, qui avait l'habitude de se déplacer furtivement dans la pénombre, avançait vite et avec une dextérité incroyable ! Astrae et Chazuro peinaient à le suivre. Ils crurent d'ailleurs à plusieurs reprises l'avoir perdu. Mais la lueur pâle et fantomatique de la lune le faisait toujours réapparaître au détour d'un fourré ou bien au coin d'une maison. Soudain leur guide stoppa enfin sa marche.
« Nous y sommes. »
Chazuro et Astrae regardèrent autour d'eux.
« Tu te moques de nous ?? s'exclamèrent-ils en cœur. On est de retour devant la maison de Lagaffe...
Et oui ! rigola le Sram. Comme le dit mon vieux père, il ne faut ni voler ni tuer à moins d'être sûr que le coup réussisse ! Quoi de mieux comme assurance que d'avoir son propre accès aux souterrains ?
...
Faites pas la tête ! C'était juste une petite promenade pour être sûr qu'il n'y ait personne qui rôde dans le coin ! Allez venez ! »
Chip's pénétra dans la maison de Lagaffe, souleva le lourd tapis du salon et ouvrit une trappe dans le sol. Il sauta prestement dans le trou obscur qu'il venait de découvrir. Chazuro et Astrae se regardèrent : cette bande qu'ils suivaient aveuglément commençait à leur apparaître sous un jour différent... Passant au premier abord pour des joyeux lurons partant dans tous les sens et sans un brin de cohésion, ils se révélaient au fil des heures être en fait des guerriers parfaitement organisés. Les apparences trompeuses ne les en rendaient que plus redoutables... Mais avaient-ils le choix ? Les deux compères suivirent Chip's sans se poser davantage de questions.
De l'autre côté du village, le reste de la troupe approchait de la bibliothèque. Des torches accrochées au mur du bâtiment éclairaient les alentours. Des miliciens faisaient la ronde tout autour de la porte.
« Je compte quatre gardes plus un auréolé, souffla Xeroxx.
Autant que nous donc...allez on commence.... »
Hapero décocha une première flèche en direction du milicien le plus éloigné, celle-ci se planta juste devant lui.
« Alerte ! On nous attaque !!! » paniqua le milicien. Ses comparses s'étaient tendus et mis en position, prêts à riposter, quand ils aperçurent au loin deux silhouettes oscillant dans la nuit.
-Yohoooo ! Et une bouteille de rhuuuum ! Haha ! Regarde, tu vois que je tire loin !
-Pff ! Ha ! T'as même pas touché le Bontarien qui était en face de toi, espèce de Crâ bourré !
Les deux amis avançaient tranquillement et avec désinvolture en direction des Bontariens. Ces derniers les observaient à présent d'un air moqueur et méprisant : ce n'étaient après tout que deux ivrognes dont l'un ne savait apparemment pas viser !
« Allez vous amuser ailleurs, les deux pochetrons ! Et apprend à te servir de ton arc au lieu de faire le malin !
-Pas pochetron, amateur de liqueur d'exception ! répliqua le Crâ. Et avant de critiquer mon tir, tu ferais mieux d'apprendre à manier ton marteau pour pouvoir l'intercepter la prochaine fois, au lieu de crier comme une fillette.
-C'est une menace ?
-Quel esprit de déduction ! ironisa Lagaffe.
-Toi on t'a rien demandé, le grand benêt ! lança un autre soldat à côté du Iop.
-Benêt ? Ah oui ? Donc si je te suis... » Il asséna un grand coup sur la tête du Bontarien, l'assommant à moitié. « Oups, je t'ai frappé ! Je ne suis qu'un Iop, je ne sais pas ce que je fais, il paraît que je suis benêt ! Tu sais ce que ce mot veut dire, toi ? » dit-il en s'adressant au Panda qui arrivait pour défendre l'Osa étalé par terre. Il lui envoya une grande claque qui le fit tournoyer quelques mètres plus loin. « Ah non tu sais pas toi non plus ! Mais tu danses bien, une vraie ballerine ! » Le milicien alla percuter un de ces collègues qui s'élançait sur Hapero. Ce dernier, d'un pas sur le côté, esquiva le Panda juste à temps pour voir les deux soldats s'affaler par terre, l'un pestant contre l'autre en hurlant que c'était de sa faute.
« Striiiike ! » cria le Crâ en tendant déjà son arc sur un autre Bontarien en colère. Il décocha aussitôt une flèche glacée qui atteignit le sol. Le milicien ricana :
« Hahah tu sais vraiment pas viser ! » Il ne comprit que trop tard en voyant le sourire illuminant le visage de l'archer que la terre sous ses pieds avait gelé et s'était transformée en véritable patinoire ! Il eût beau faire des pieds et des mains, il finit par s'étaler et, au terme d'une longue glissade, atterrit aux pieds d' Hapero.
« Je trouve que je vise bien moi ! »
A l'intérieur de la bibliothèque, loin de toute cette agitation, un homme de haute stature feuilletait des ouvrages. A côté de lui, une Pandalette montait la garde.
« Grrr, il est introuvable...
Que cherchez-vous ?
Un ouvrage que moi seul doit détenir. Il n'y en a que quatre exemplaires dans le Monde des Douze. J'en ai un en ma possession et Thomas Sacre m'a fait remettre celui de Bonta que j'ai détruit. Il me faut encore celui de Pandala et l'exemplaire d'Amakna... mais impossible de mettre la main dessus... Allez me chercher l'hibou, il va parler... »
Sénécia sortit de la pièce et revint quelques instants plus tard en tirant Harry Stote par la manche. Elle installa l'oiseau sur une chaise et lui enleva le bâillon qui oppressait son bec.
« C'est inadmissible ! commença aussitôt à crier Harry. Détachez-moi ! Vous n'avez pas le droit !
Tais-toi, sac de plumes ! répondit Sénécia en lui claquant le bec.
Tu vas m'aider, triste volatile... » fit l'homme d'une voix sombre et lancinante. L'hibou eut l'impression que ses paroles s'insinuaient lentement en lui comme un poison s'écoulant dans ses veines. « ...et je te rendrai ta liberté... Je cherche un livre qui date de l'époque des grandes guerres et qui raconte l'histoire des Frozen Tears...
Les Frozen Tears ? coupa Harry Stote avec étonnement. Si vous cherchez les livres pour enfants, c'est au sous-sol !
Quoi ? rugit l'homme. Au sous-sol ? Avec les livres pour... Mais quelle incompétence !! Amenez-le ! »
Il tourna les talons et se dirigea vers l'escalier. Sénécia le suivit, traînant derrière elle le vieil hibou.
Dans les sous-sols d'Amakna, nos deux amis avançaient à la suite du Sram dans un dédale impressionnant de galeries. Les passages étaient tous parfaitement creusés, presque à hauteur d'homme. Il suffisait juste de se courber un petit peu et baisser la tête par moment pour éviter les racines qui ressortaient. De petites bestioles étranges croisaient parfois leur chemin au détour d'un boyau, ce qui ne manquait pas de rendre légèrement nerveux nos deux aventuriers. Ils étaient en terrain inconnu et ce labyrinthe avait de quoi désorienter ! Heureusement que leur guide avait eu la présence d'esprit de prendre une torche, leur permettant ainsi de voir plus ou moins où mettre les pieds et d'éviter une arakne ou deux à l'occasion... Après avoir quitté la petite artère venant de la maison de Lagaffe et surtout masqué son entrée, Chip's les menait maintenant vers la bibliothèque avec la même aisance et connaissance du terrain qu'à l'air libre. La façon de se mouvoir de ce dernier était décidément déroutante.
« C'est encore loin ? demanda Astrae.
Non, on y est presque, encore quelques petites minutes.
J'espère qu'on va au moins trouver un livre parlant des Frozen Tears... »
Ils continuaient à s'enfoncer toujours plus profondément dans l'obscurité. Arrivé à un carrefour, As' crût apercevoir du coin de l'oeil quelque chose comme une silhouette se glisser subrepticement dans la galerie parallèle à celle où ils se trouvaient mais réalisa que ce n'était que son ombre. Ce souterrain commençait vraiment à lui agir sur les nerfs. Il donnait l'impression que la terre pouvait s'écrouler sur eux et les ensevelir à tout moment, une impression d'être comme écrasé par le sol au-dessus de leur tête. Le retour à l'air pur serait comme une libération...
Quelques instants plus tard, Chip's leur fit signe d'approcher.
« Nous y sommes. Mais chut... vous entendez ? »
Chazuro tendit l'oreille. Il y avait des voix provenant de l'autre côté de la paroi.
« ....Où est ce livre, l'emplumé ? Réponds-moi ! tonna une voix d'homme.
Je n'en sais rien ! Personne ne me demande jamais rien sur cette légende !
Tu te moques de nous ? Tu connais cette bibliothèque comme ta poche, allez un petit effort ! Sénécia, secouez-lui les plumes !... »
Chazuro et Astrae sursautèrent. Sénécia ?? Que pouvait-elle encore faire là... et qui était cet homme qui maltraitait le pauvre bibliothécaire ?
« Apparemment, y'a du grabuge, chuchota Chip's.
Oui, ça complique notre tâche, surtout s'il y a Sénécia, répondit Astrae.
Vous la connaissez ?
Oui, c'est une mercenaire. C'est à elle que Chaz' doit sa belle cicatrice sur le torse...
Alors restons silencieux et invisibles quoiqu'il arrive... »
A l'extérieur de la bibliothèque, la diversion battait son plein. Xeroxx était apparu en pleine lumière en compagnie de Carbonboss.
« Hé poilu ! Regarde, y'a des Bontariens qui se font baffer par Hapero et Lagaffe !
Les copains ! Faut nous attendre pour taper les petits anges... sinon on peut pas rigoler nous !
C'est eux qui ont commencé ! Ils ont dit à Lagaffe qu'il était benêt...
Rooh mais ils sont fous ces Bontariens ! »
Justement l'un d'eux, ayant entendu sa remarque, se détourna du Iop en direction du grand Sadi et l'entailla avec son épée. Le regard de Carbon oscilla entre sa blessure et son agresseur avant de fermer les yeux pour se concentrer. Un grondement menaçant se fit alors entendre et la terre se mit à vibrer sous les pieds de son adversaire, lorsque soudain d'énormes ronces jaillirent du sol et engloutirent ce dernier, telles les tentacules d'une énorme pieuvre, le prenant ainsi au piège, privé de tout mouvement.
« Alors ? Tu rigoles moins avec ton bout de fer ridicule, hmm ?
Je crois qu'on peut dire qu'il fait corps avec la nature là ! » ajouta Xeroxx d'un air narquois avant de s'élancer dans la bataille. Il rejoignit Hapero qui était aux prises avec deux soldats le tenant en joue, le privant ainsi du recul nécessaire pour utiliser son arc.
« Un double, ça te dit ? fit le Crâ en échangeant un regard complice avec son compagnon.
- Un peu que ça me dit ! » cracha le félin. Les deux soldats, en l'entendant, se retournèrent, déstabilisés. Il avait bondi derrière eux avec une telle dextérité qu'ils n'avaient rien vu venir et ils se retrouvaient maintenant encerclés par les deux troubles-fêtes.
Pendant ce temps là, Lagaffe, quant à lui, ayant fini de se défouler sur l'Osa qui l'avait insulté, partit dans la direction opposée. Un Sram donnait du fil à retordre à Carbon, esquivant toutes ses attaques. Il se mit à foncer sur lui à pleine vitesse, prêt à le frapper de toutes ses forces. Plus que quelques dizaines de mètres... L'ennemi ne semblait pas l'avoir remarqué et était occupé avec le grand Sadida et sa poupée. Huit mètres... Je vais le pulvériser ! Cinq mètres... La poupée de Carbon entravait le chemin du Sram, l'empêchant d'approcher trop près. Trois mètres, deux, un... Le Iop s'élança dans les airs. L'impact fut bref. Une onde de silence se répandit dans l'atmosphère l'espace d'une seconde et il s'écrasa durement sur le sol. Sa cible s'était volatilisée au dernier moment. Lagaffe se releva lentement, un peu étourdi par la chute, puis se mit à scruter frénétiquement autour de lui avec son compagnon.
« Il est où ? Tu le vois toi ? »
Soudain une forme encapuchonnée se matérialisa derrière lui.
« Attention !!!! » cria le Sadi.
Il se retourna juste à temps pour voir les dagues du Sram luire dans la nuit. Celui-ci s'apprêtait à en faire usage lorsqu'un bruit sourd retentit. Il se figea et s'étala par terre, inconscient, laissant apparaître une petite fée voletant derrière lui.
« Ninoxe ! Tu l'as assommé ?? Mais qu'est-ce que tu fais là ??? Tu devrais être en retrait et te tenir prête au cas où l'un de nous serait blessé ! gronda Carbon.
- C'est ce que j'ai fait... en quelque sorte... sauf pour le retrait... !
- Hmm tu ne peux pas t'en empêcher, hein ?
L'Eniripsa esquissa un petit sourire rougissant.
« Haha ! C'est bien ma cousine, ça ! s'exclama Xeroxx en arrivant avec Hapero, laissant leurs deux adversaires gisant douloureusement sur le sol.
« Aaahh ! Enfin ! Je savais bien qu'avec un peu de bonne volonté tu me dévoilerais l'emplacement de ce livre ! »
L'homme brandit triomphant un ouvrage poussiéreux marqué sur sa tranche d'un flocon de neige. De l'autre côté de la pièce, l'hibou déplumé avait cessé de se débattre et de crier. Sénécia se tenait derrière lui et des plumes jonchées le sol. De l'autre coté de la paroi, Chazuro, Astrae et Chip's attendaient patiemment la suite des évènements. Les cris du volatile, leur avait fait imaginer les pires tortures et ils se demandaient qui pouvait vouloir à ce point un livre.
L'attention de Sénécia fut attirée par des bruits venant de l'extérieur.
« Monsieur, il se passe quelque chose devant la bibliothèque, on ferait bien de partir.
Tu as raison. Filons ! J'ai ce que je suis venu chercher !
Passons par les souterrains, c'est plus sûr.
Je te suis, mercenaire ! »
Chip's réagit très vite, sa rapidité de voleur sauva Astrae et Chazuro. En un instant, ils étaient devenus invisibles. La paroi s'ébranla, laissant apparaître un rayon de lumière et la silhouette de Sénécia. Nos trois amis retinrent leur souffle. La Pandalette s'avança, puis s'arrêta brusquement. Elle renifla l'air, fronça un sourcil, regarda autour d'elle puis, toujours méfiante, fît signe à son commanditaire de la suivre.
Les deux personnages disparurent à pas vifs dans le souterrain. Chip's attendit encore un peu, puis activa un mécanisme dans la roche, la porte vers la bibliothèque se rouvrit. A l'intérieur, le hibou toujours ligoté sur une chaise s'agita, il pensait voir revenir ses deux tortionnaires. Astrae, Chazuro et Chip's pénétrèrent dans le sous-sol de la bibliothèque, des plumes voletaient encore dans la pièce, Sénécia n'avait pas fait son travail à moitié. Astrae s'avança vers l'oiseau, et le libéra.
« N'ai crainte, nous ne te voulons aucun mal. Ton ami Jean Sol Patre nous envois. »
Harry sembla rasséréné, Jean Sol était un ami de longue date, fidèle et loyal, malgrès son poste difficile au sein de la ville de Brâkmar.
« Pour quelles raisons vous a-t-il indiqué ma bibliothèque ?
Nous sommes à la recherche d'un livre pouvant nous expliquer certains anciens événements du monde des douze.
Ça fait beaucoup de demandes similaires pour une même soirée... cherchez vous un ouvrage parlant des Frozen Tears vous aussi ?
... euh oui répondit Astrae totalement interloqué par cette déduction d'Harry
L'homme qui vient de fuir d'ici me laissant dans cette situation cherchait le même ouvrage. Malheureusement il est parti avec mon seul exemplaire... cette panda était vraiment...persuasive....
Et pas que... renchérit Chazuro passant machinalement la main sur sa cicatrice.
Y'a-t-il un autre exemplaire de ce bouquin ? s'inquiéta Astrae
Bouquin ? ne soyez pas vulgaire jeune iop... Ce livre est une véritable œuvre.
Œuvre ? s'exclama Chip's.
Oui ! Je ne voulais pas le donner à ce grossier personnage qui m'a tant torturé, mais c'est effectivement un ouvrage magnifique. Il y en a trois exemplaires connus dans le monde des douze. Il raconte l'histoire des Frozen Tears, c'est en fait les mémoires de l'un d'eux. On peut trouver dans ce livre la position exacte de Frigost, la terre gelée légendaire qui donna aux Frozen le surnom de givrés. Mais aussi certaines informations sur leurs modes de vie, et quelques indices sur leurs trésors.... Un ouvrage fascinant si on y croit bien sûr...
Où peut-on trouver les deux autres exemplaires ? pressa Chazuro, impatient.
Apparemment, cet homme a déjà celui de Bonta et le mien... il reste donc celui de Pandala. Avec un peu de chance vous y parviendrez avant lui.
Direction pandala alors cria Astrae courant vers la porte dérobée...
Tout doux dit Chip's en l'interceptant, Pandala est loin, il faut se préparer un minimum, n'oublis pas que c'est la guerre. Pandala est encore sous contrôle Brâkmarien, mais j'ai peur que cela ne dure pas longtemps...
Merci pour ces précieux renseignements Harry, remercia Chazuro, nous avons beaucoup de chemins à parcourir. »
Nos trois amis se dirigèrent vers le dédale sous-terrain, Harry leur lança un « vous verrez c'est très bien écrit... », mais ils étaient déjà loin. La tête de Chazuro bouillonnait de questions. Qui s'intéressait aussi au Frozen Tears ? c'était apparemment le commanditaire de Sénécia ? mais alors quel rapport avec la guerre entre Bonta et Brakmar ?.... Cette aventure, partie d'un texte dans une cellule, semblait être de plus en plus complexe.
Chip's les mena prestement vers la maison de Lagaffe, dans le salon, le reste de la troupe était de retour. Chacun raconta sa soirée, plus ou moins mouvementée ou mystérieuse.
Chazuro et Astrae décidèrent de partir dès le lendemain matin pour Pandala... l'aventure se poursuivait !
« Hep ! Toi là-bas ! Range tes mains ! Si tu cherches un bordel, vas au port de Madrestam ! Pas de ça ici ! » intervint le tavernier, veillant au bon ordre de la salle.
Astrae et Chazuro regardèrent ce grand moustachu : il n'avait pas l'air commode... Couvrant tout le monde de sa grosse voix, il en imposait physiquement et se faisait respecter de tous les clients. On racontait même qu'il n'avait pas toujours été tavernier et qu'il avait par le passé fait partie des meilleurs chasseurs de prime qu'il eût existé. C'est sur cette « douce » pensée que nos deux amis s'approchèrent du comptoir. Un Xélor y était assis, le nez plongé dans sa pinte, se lamentant auprès du serveur.
« Tu comprends, elle est tellement...tellement....
Oui je sais, aérienne...en même temps, c'est une Enie ! ironisa le Panda en astiquant énergiquement ses verres. Ça fait des mois que tu m'en rabats les oreilles tous les jours, mon ami ! Pourquoi tu ne lui dis pas, tout simplement ? Je te laisse, j'ai des clients à servir. »
Il se dirigea alors vers nos compagnons.
« Qu'est-ce que je vous sers, messieurs ? Tant que vous ne finissez pas comme celui-là après... » dit-il avec un sourire en faisant signe de la tête vers le petit homme couvert de bandelettes. Nos amis se regardèrent d'un air ironique.
« Y'a aucun risque ! Deux grandes bières bien fraîches, s'il-vous-plaît. »
Ils se mirent ainsi, tout en sirotant leur délicieux breuvage, à scruter plus attentivement la clientèle à la recherche du Crâ. Mais il régnait une telle cohue, les gens passant et repassant dans tous les sens, qu'il était difficile d'y reconnaître qui que ce fût.
« Vous cherchez quelqu'un ? »
Chazuro sursauta en entendant la voix tonitruante du tavernier résonner dans son oreille.
« J'aime pas trop qu'on épie mes clients de cette façon ! Que voulez-vous ?
Heu... rien de particulier. Connaîtriez-vous par hasard un dénommé Hapero ? répondit Astrae, hésitant.
Si je le connais ? »
Un grand sourire se dessina sous la moustache de l'aubergiste...
A l'étage, au bout d'un couloir enfumé, une pièce, de laquelle s'échappaient rires et fracas, était éclairée. A l'intérieur, une partie de poker enflammée battait son plein.
« Tapis ! Et cette fois-ci, je vais gagner ! cria un Ecaflip à moitié nu.
Il te reste quoi à jouer après ta paire de bottes ? répliqua un Iop. Cette main est pour moi ! Je suis !
Tsss, t'y connais rien aux cartes ! continua le félin. Je suis sûr de mon coup !
Comme à chaque fois... » glissa un Sadida à la touffe bleue-verte.
Un Crâ au regard embrumé partit dans un bruyant éclat de rire à la remarque du Sadida.
« Tais-toi, Hap !! C'est un coup important ! râla le grand Iop, plus concentré que jamais.
Rooh allez, montrez vos cartes ! se reprit l'archer en vidant une pinte.
L'Ecaflip abattit son jeu, le Iop fit de même. Le chat se mit à bondir de partout dans la pièce.
« Wouhou ! Quinte flush !!Ahaha je vous ai eu !!! Rendez-moi mes fringues. Ah mais quel coup ! »
Le bruit et les discussions repartaient de plus belle quand soudain, un Sram jusque-là silencieux fit un signe de la tête à ses compagnons de jeux.
« On dirait qu'on est plus seuls : y'a du monde à la porte. » Ils dirigèrent alors tous leurs regards dans cette direction.
« Que voulez-vous ? questionna le Iop, que la défaite avait rendu amer.
Bonsoir ! Je suis Chazuro et voici Astrae. Nous cherchons un Crâ du nom d'Hapero.
Hips ! Présent ! répondit le Crâ d'une voix chargée d'alcool.
Votre ami Taiky nous envoit. Il...
Taiky ! s'exclama l'Ecaflip. Comment va ce vieux grincheux ?
Rooh laisse-les parler et rhabille-toi ! coupa le Sadida. Je suis Carbon. Le Iop qui fait la tronche, c'est Lagaffe. Le Sram se surnomme Chip's et l'Eca tout nu, c'est Xeroxx.
Eh bien ravis de faire votre connaissance ! Taiky nous a demandé de passer voir Hapero. Il a besoin d'aide pour chasser des dragodindes...
Hahaha ! Le vieux brigand ! Il trouve toujours des excuses ! S'il vous a envoyé ici, c'est que c'est vous qui avait besoin d'aide, pas lui. »
Nos deux amis se regardèrent, interloqués. Quel était encore ce piège dans lequel ils étaient tombés ?
« Détendez-vous, dit Hapero. Franchement, vous me voyez chasser des dindes ? Hips !
-A moins qu'elles soient couleur hydromel ! plaisanta Carbon.
-Eh... c'est une idée ça ! sourit le Crâ. Ouais enfin bref, « dinde amande » est le nom de code entre Taiky et nous pour « besoin d'aide ». Nous sommes une petite bande mais on a de l'organisation, hé hé ! Alors que faites-vous en Amakna ? »
Chazuro décida de raconter leur histoire. Après tout, Taiky semblait homme de confiance et ces joyeux lurons aussi. Les cinq compagnons écoutèrent avec attention son récit.
« ...Mais nous ne savons pas pourquoi Taiky nous a envoyé vers vous, conclut le Sacrieur.
Oh... c'est très simple : la bibliothèque est impossible d'accès depuis cinq jours. Une escouade bontarienne bloque l'accès. La rumeur court qu'un très haut dignitaire bontarien effectue des recherches à l'intérieur, répondit Lagaffe.
Ça va nous compliquer la tâche, sourit Xeroxx.
Quelle tâche ? demanda Astrae.
Eh bien, si Taiky pense qu'on doit vous aider, c'est évident que c'est pour vous permettre de pénétrer dans l'édifice, continua l'Eca.
Comment faire ? Forcer le passage ne sera pas discret...
Oh nous avons plus d'un tour dans notre sac ! Ne vous inquiétez pas. Demain soir, vous serez au milieu de tous les livres que vous voulez. Allez passer la nuit chez Lagaffe, ça sera notre point de départ pour cette mission qui promet d'être...hmm intéressante, dit-il en souriant. On vous expliquera demain. Pour le moment, nous avons une partie de cartes à finir !
Hapero mit ainsi fin à la conversation. Lagaffe se leva et leur demanda de les suivre. Il les mena jusqu'à sa demeure, une grande maison non loin de l'atelier des bijoutiers. Les deux voyageurs étaient tellement épuisés qu'ils ne virent rien d'autre autour d'eux que les lits qu'on leur offrait, sur lesquels ils s'endormirent presque aussitôt.
Le lendemain matin, quand Chazuro se réveilla, la maisonnée semblait déjà bien active. Astrae rentra dans la chambre à ce moment-là.
« Allez, debout feignant ! Il y a plein de choses à faire !
Doucement... crie pas si fort....
Il faut se préparer pour ce soir ! Au fait, la nouvelle vient d'arriver... Tainéla a été prise d'assaut par Bonta cette nuit...et Sénécia doit être cette Pandalette chevauchant le Bouftou Royal dont tout le monde parle...
Encore ! » Cette nouvelle eût pour effet de définitivement réveiller le Sacri. « Mais pourquoi une telle frénésie ? Et surtout pourquoi autant de défaites ?
Ça, j'en sais rien... Allez debout ! On nous attend. »
Au rez-de-chaussée, toute la petite troupe semblait s'activer. Chip's, le discret Sram, étudiait une carte, Xeroxx cirait ses bottes, Carbon confectionnait une jolie poupée et Hapero taillait des flèches. Lagaffe, lui, était en pleine discussion avec une jolie petite Enie autour de laquelle semblait flotter une aura douce et apaisante.
« Je n'arrive plus à travailler correctement avec cette guerre... Les ressources deviennent chères ou même introuvables.
Pourquoi donc ? questionna-t-elle.
Je sais pas, j'ai l'impression que tous les ingrédients des nouvelles régions bontariennes n'arrivent plus ou vont ailleurs...
Etrange...
Oui, c'est le mot. C'est vraiment impossible d'être artisan bijoutier-cordonnier dans ces conditions...
Oh te plains pas ! coupa Carbon. Tu as fait fortune grâce à ça, c'est pas une petite baisse d'activité qui va te ruiner !
Oui mais bon, c'est râlant....
Bonjour, je m'appelle Ninoxe, dit la petite fée en apercevant nos deux amis. Je suis la cousine de Xeroxx. Je vais vous aider pour cette nuit. »
Chazuro et Astrae la saluèrent puis demandèrent des explications sur l'organisation de cette expédition. Tout le monde s'installa autour de la grande table et Hapero prit la parole.
« On va se diviser en deux groupes. Vous deux avec Chip's et nous autres ensemble. Chip's connaît tous les souterrains du village, il vous emmènera dans les sous-sols de la bibliothèque. Ces idiots de Bontariens ne doivent pas les connaître ! Et nous, on va faire diversion à l'extérieur, exciter les anges, faire du bruit, se défouler un peu quoi !
Ça a l'air plutôt simple, dit Chaz'.
Pas tant que ça : Ninoxe, en venant, a repéré cinq gardes à l'extérieur du bâtiment. Il doit y en avoir autant en pause, plus peut-être certains à l'intérieur. Il faudra être prudent. Je ne voudrais pas perdre l'un d'entre nous au passage. »
Le Sacrieur était impressionné par le dévouement de cette petite bande d'amis qui était prête à tout pour leur venir en aide alors qu'ils ne les connaissaient qu'à peine. Une fois la mise au point achevée, chacun retourna à ses préparatifs.
La nuit venue, Chip's, Astrae et Chazuro partirent de leur côté. Une des entrées des souterrains d'Amakna se situait non loin de la demeure de Lagaffe. Le Sram, qui avait l'habitude de se déplacer furtivement dans la pénombre, avançait vite et avec une dextérité incroyable ! Astrae et Chazuro peinaient à le suivre. Ils crurent d'ailleurs à plusieurs reprises l'avoir perdu. Mais la lueur pâle et fantomatique de la lune le faisait toujours réapparaître au détour d'un fourré ou bien au coin d'une maison. Soudain leur guide stoppa enfin sa marche.
« Nous y sommes. »
Chazuro et Astrae regardèrent autour d'eux.
« Tu te moques de nous ?? s'exclamèrent-ils en cœur. On est de retour devant la maison de Lagaffe...
Et oui ! rigola le Sram. Comme le dit mon vieux père, il ne faut ni voler ni tuer à moins d'être sûr que le coup réussisse ! Quoi de mieux comme assurance que d'avoir son propre accès aux souterrains ?
...
Faites pas la tête ! C'était juste une petite promenade pour être sûr qu'il n'y ait personne qui rôde dans le coin ! Allez venez ! »
Chip's pénétra dans la maison de Lagaffe, souleva le lourd tapis du salon et ouvrit une trappe dans le sol. Il sauta prestement dans le trou obscur qu'il venait de découvrir. Chazuro et Astrae se regardèrent : cette bande qu'ils suivaient aveuglément commençait à leur apparaître sous un jour différent... Passant au premier abord pour des joyeux lurons partant dans tous les sens et sans un brin de cohésion, ils se révélaient au fil des heures être en fait des guerriers parfaitement organisés. Les apparences trompeuses ne les en rendaient que plus redoutables... Mais avaient-ils le choix ? Les deux compères suivirent Chip's sans se poser davantage de questions.
De l'autre côté du village, le reste de la troupe approchait de la bibliothèque. Des torches accrochées au mur du bâtiment éclairaient les alentours. Des miliciens faisaient la ronde tout autour de la porte.
« Je compte quatre gardes plus un auréolé, souffla Xeroxx.
Autant que nous donc...allez on commence.... »
Hapero décocha une première flèche en direction du milicien le plus éloigné, celle-ci se planta juste devant lui.
« Alerte ! On nous attaque !!! » paniqua le milicien. Ses comparses s'étaient tendus et mis en position, prêts à riposter, quand ils aperçurent au loin deux silhouettes oscillant dans la nuit.
-Yohoooo ! Et une bouteille de rhuuuum ! Haha ! Regarde, tu vois que je tire loin !
-Pff ! Ha ! T'as même pas touché le Bontarien qui était en face de toi, espèce de Crâ bourré !
Les deux amis avançaient tranquillement et avec désinvolture en direction des Bontariens. Ces derniers les observaient à présent d'un air moqueur et méprisant : ce n'étaient après tout que deux ivrognes dont l'un ne savait apparemment pas viser !
« Allez vous amuser ailleurs, les deux pochetrons ! Et apprend à te servir de ton arc au lieu de faire le malin !
-Pas pochetron, amateur de liqueur d'exception ! répliqua le Crâ. Et avant de critiquer mon tir, tu ferais mieux d'apprendre à manier ton marteau pour pouvoir l'intercepter la prochaine fois, au lieu de crier comme une fillette.
-C'est une menace ?
-Quel esprit de déduction ! ironisa Lagaffe.
-Toi on t'a rien demandé, le grand benêt ! lança un autre soldat à côté du Iop.
-Benêt ? Ah oui ? Donc si je te suis... » Il asséna un grand coup sur la tête du Bontarien, l'assommant à moitié. « Oups, je t'ai frappé ! Je ne suis qu'un Iop, je ne sais pas ce que je fais, il paraît que je suis benêt ! Tu sais ce que ce mot veut dire, toi ? » dit-il en s'adressant au Panda qui arrivait pour défendre l'Osa étalé par terre. Il lui envoya une grande claque qui le fit tournoyer quelques mètres plus loin. « Ah non tu sais pas toi non plus ! Mais tu danses bien, une vraie ballerine ! » Le milicien alla percuter un de ces collègues qui s'élançait sur Hapero. Ce dernier, d'un pas sur le côté, esquiva le Panda juste à temps pour voir les deux soldats s'affaler par terre, l'un pestant contre l'autre en hurlant que c'était de sa faute.
« Striiiike ! » cria le Crâ en tendant déjà son arc sur un autre Bontarien en colère. Il décocha aussitôt une flèche glacée qui atteignit le sol. Le milicien ricana :
« Hahah tu sais vraiment pas viser ! » Il ne comprit que trop tard en voyant le sourire illuminant le visage de l'archer que la terre sous ses pieds avait gelé et s'était transformée en véritable patinoire ! Il eût beau faire des pieds et des mains, il finit par s'étaler et, au terme d'une longue glissade, atterrit aux pieds d' Hapero.
« Je trouve que je vise bien moi ! »
A l'intérieur de la bibliothèque, loin de toute cette agitation, un homme de haute stature feuilletait des ouvrages. A côté de lui, une Pandalette montait la garde.
« Grrr, il est introuvable...
Que cherchez-vous ?
Un ouvrage que moi seul doit détenir. Il n'y en a que quatre exemplaires dans le Monde des Douze. J'en ai un en ma possession et Thomas Sacre m'a fait remettre celui de Bonta que j'ai détruit. Il me faut encore celui de Pandala et l'exemplaire d'Amakna... mais impossible de mettre la main dessus... Allez me chercher l'hibou, il va parler... »
Sénécia sortit de la pièce et revint quelques instants plus tard en tirant Harry Stote par la manche. Elle installa l'oiseau sur une chaise et lui enleva le bâillon qui oppressait son bec.
« C'est inadmissible ! commença aussitôt à crier Harry. Détachez-moi ! Vous n'avez pas le droit !
Tais-toi, sac de plumes ! répondit Sénécia en lui claquant le bec.
Tu vas m'aider, triste volatile... » fit l'homme d'une voix sombre et lancinante. L'hibou eut l'impression que ses paroles s'insinuaient lentement en lui comme un poison s'écoulant dans ses veines. « ...et je te rendrai ta liberté... Je cherche un livre qui date de l'époque des grandes guerres et qui raconte l'histoire des Frozen Tears...
Les Frozen Tears ? coupa Harry Stote avec étonnement. Si vous cherchez les livres pour enfants, c'est au sous-sol !
Quoi ? rugit l'homme. Au sous-sol ? Avec les livres pour... Mais quelle incompétence !! Amenez-le ! »
Il tourna les talons et se dirigea vers l'escalier. Sénécia le suivit, traînant derrière elle le vieil hibou.
Dans les sous-sols d'Amakna, nos deux amis avançaient à la suite du Sram dans un dédale impressionnant de galeries. Les passages étaient tous parfaitement creusés, presque à hauteur d'homme. Il suffisait juste de se courber un petit peu et baisser la tête par moment pour éviter les racines qui ressortaient. De petites bestioles étranges croisaient parfois leur chemin au détour d'un boyau, ce qui ne manquait pas de rendre légèrement nerveux nos deux aventuriers. Ils étaient en terrain inconnu et ce labyrinthe avait de quoi désorienter ! Heureusement que leur guide avait eu la présence d'esprit de prendre une torche, leur permettant ainsi de voir plus ou moins où mettre les pieds et d'éviter une arakne ou deux à l'occasion... Après avoir quitté la petite artère venant de la maison de Lagaffe et surtout masqué son entrée, Chip's les menait maintenant vers la bibliothèque avec la même aisance et connaissance du terrain qu'à l'air libre. La façon de se mouvoir de ce dernier était décidément déroutante.
« C'est encore loin ? demanda Astrae.
Non, on y est presque, encore quelques petites minutes.
J'espère qu'on va au moins trouver un livre parlant des Frozen Tears... »
Ils continuaient à s'enfoncer toujours plus profondément dans l'obscurité. Arrivé à un carrefour, As' crût apercevoir du coin de l'oeil quelque chose comme une silhouette se glisser subrepticement dans la galerie parallèle à celle où ils se trouvaient mais réalisa que ce n'était que son ombre. Ce souterrain commençait vraiment à lui agir sur les nerfs. Il donnait l'impression que la terre pouvait s'écrouler sur eux et les ensevelir à tout moment, une impression d'être comme écrasé par le sol au-dessus de leur tête. Le retour à l'air pur serait comme une libération...
Quelques instants plus tard, Chip's leur fit signe d'approcher.
« Nous y sommes. Mais chut... vous entendez ? »
Chazuro tendit l'oreille. Il y avait des voix provenant de l'autre côté de la paroi.
« ....Où est ce livre, l'emplumé ? Réponds-moi ! tonna une voix d'homme.
Je n'en sais rien ! Personne ne me demande jamais rien sur cette légende !
Tu te moques de nous ? Tu connais cette bibliothèque comme ta poche, allez un petit effort ! Sénécia, secouez-lui les plumes !... »
Chazuro et Astrae sursautèrent. Sénécia ?? Que pouvait-elle encore faire là... et qui était cet homme qui maltraitait le pauvre bibliothécaire ?
« Apparemment, y'a du grabuge, chuchota Chip's.
Oui, ça complique notre tâche, surtout s'il y a Sénécia, répondit Astrae.
Vous la connaissez ?
Oui, c'est une mercenaire. C'est à elle que Chaz' doit sa belle cicatrice sur le torse...
Alors restons silencieux et invisibles quoiqu'il arrive... »
A l'extérieur de la bibliothèque, la diversion battait son plein. Xeroxx était apparu en pleine lumière en compagnie de Carbonboss.
« Hé poilu ! Regarde, y'a des Bontariens qui se font baffer par Hapero et Lagaffe !
Les copains ! Faut nous attendre pour taper les petits anges... sinon on peut pas rigoler nous !
C'est eux qui ont commencé ! Ils ont dit à Lagaffe qu'il était benêt...
Rooh mais ils sont fous ces Bontariens ! »
Justement l'un d'eux, ayant entendu sa remarque, se détourna du Iop en direction du grand Sadi et l'entailla avec son épée. Le regard de Carbon oscilla entre sa blessure et son agresseur avant de fermer les yeux pour se concentrer. Un grondement menaçant se fit alors entendre et la terre se mit à vibrer sous les pieds de son adversaire, lorsque soudain d'énormes ronces jaillirent du sol et engloutirent ce dernier, telles les tentacules d'une énorme pieuvre, le prenant ainsi au piège, privé de tout mouvement.
« Alors ? Tu rigoles moins avec ton bout de fer ridicule, hmm ?
Je crois qu'on peut dire qu'il fait corps avec la nature là ! » ajouta Xeroxx d'un air narquois avant de s'élancer dans la bataille. Il rejoignit Hapero qui était aux prises avec deux soldats le tenant en joue, le privant ainsi du recul nécessaire pour utiliser son arc.
« Un double, ça te dit ? fit le Crâ en échangeant un regard complice avec son compagnon.
- Un peu que ça me dit ! » cracha le félin. Les deux soldats, en l'entendant, se retournèrent, déstabilisés. Il avait bondi derrière eux avec une telle dextérité qu'ils n'avaient rien vu venir et ils se retrouvaient maintenant encerclés par les deux troubles-fêtes.
Pendant ce temps là, Lagaffe, quant à lui, ayant fini de se défouler sur l'Osa qui l'avait insulté, partit dans la direction opposée. Un Sram donnait du fil à retordre à Carbon, esquivant toutes ses attaques. Il se mit à foncer sur lui à pleine vitesse, prêt à le frapper de toutes ses forces. Plus que quelques dizaines de mètres... L'ennemi ne semblait pas l'avoir remarqué et était occupé avec le grand Sadida et sa poupée. Huit mètres... Je vais le pulvériser ! Cinq mètres... La poupée de Carbon entravait le chemin du Sram, l'empêchant d'approcher trop près. Trois mètres, deux, un... Le Iop s'élança dans les airs. L'impact fut bref. Une onde de silence se répandit dans l'atmosphère l'espace d'une seconde et il s'écrasa durement sur le sol. Sa cible s'était volatilisée au dernier moment. Lagaffe se releva lentement, un peu étourdi par la chute, puis se mit à scruter frénétiquement autour de lui avec son compagnon.
« Il est où ? Tu le vois toi ? »
Soudain une forme encapuchonnée se matérialisa derrière lui.
« Attention !!!! » cria le Sadi.
Il se retourna juste à temps pour voir les dagues du Sram luire dans la nuit. Celui-ci s'apprêtait à en faire usage lorsqu'un bruit sourd retentit. Il se figea et s'étala par terre, inconscient, laissant apparaître une petite fée voletant derrière lui.
« Ninoxe ! Tu l'as assommé ?? Mais qu'est-ce que tu fais là ??? Tu devrais être en retrait et te tenir prête au cas où l'un de nous serait blessé ! gronda Carbon.
- C'est ce que j'ai fait... en quelque sorte... sauf pour le retrait... !
- Hmm tu ne peux pas t'en empêcher, hein ?
L'Eniripsa esquissa un petit sourire rougissant.
« Haha ! C'est bien ma cousine, ça ! s'exclama Xeroxx en arrivant avec Hapero, laissant leurs deux adversaires gisant douloureusement sur le sol.
« Aaahh ! Enfin ! Je savais bien qu'avec un peu de bonne volonté tu me dévoilerais l'emplacement de ce livre ! »
L'homme brandit triomphant un ouvrage poussiéreux marqué sur sa tranche d'un flocon de neige. De l'autre côté de la pièce, l'hibou déplumé avait cessé de se débattre et de crier. Sénécia se tenait derrière lui et des plumes jonchées le sol. De l'autre coté de la paroi, Chazuro, Astrae et Chip's attendaient patiemment la suite des évènements. Les cris du volatile, leur avait fait imaginer les pires tortures et ils se demandaient qui pouvait vouloir à ce point un livre.
L'attention de Sénécia fut attirée par des bruits venant de l'extérieur.
« Monsieur, il se passe quelque chose devant la bibliothèque, on ferait bien de partir.
Tu as raison. Filons ! J'ai ce que je suis venu chercher !
Passons par les souterrains, c'est plus sûr.
Je te suis, mercenaire ! »
Chip's réagit très vite, sa rapidité de voleur sauva Astrae et Chazuro. En un instant, ils étaient devenus invisibles. La paroi s'ébranla, laissant apparaître un rayon de lumière et la silhouette de Sénécia. Nos trois amis retinrent leur souffle. La Pandalette s'avança, puis s'arrêta brusquement. Elle renifla l'air, fronça un sourcil, regarda autour d'elle puis, toujours méfiante, fît signe à son commanditaire de la suivre.
Les deux personnages disparurent à pas vifs dans le souterrain. Chip's attendit encore un peu, puis activa un mécanisme dans la roche, la porte vers la bibliothèque se rouvrit. A l'intérieur, le hibou toujours ligoté sur une chaise s'agita, il pensait voir revenir ses deux tortionnaires. Astrae, Chazuro et Chip's pénétrèrent dans le sous-sol de la bibliothèque, des plumes voletaient encore dans la pièce, Sénécia n'avait pas fait son travail à moitié. Astrae s'avança vers l'oiseau, et le libéra.
« N'ai crainte, nous ne te voulons aucun mal. Ton ami Jean Sol Patre nous envois. »
Harry sembla rasséréné, Jean Sol était un ami de longue date, fidèle et loyal, malgrès son poste difficile au sein de la ville de Brâkmar.
« Pour quelles raisons vous a-t-il indiqué ma bibliothèque ?
Nous sommes à la recherche d'un livre pouvant nous expliquer certains anciens événements du monde des douze.
Ça fait beaucoup de demandes similaires pour une même soirée... cherchez vous un ouvrage parlant des Frozen Tears vous aussi ?
... euh oui répondit Astrae totalement interloqué par cette déduction d'Harry
L'homme qui vient de fuir d'ici me laissant dans cette situation cherchait le même ouvrage. Malheureusement il est parti avec mon seul exemplaire... cette panda était vraiment...persuasive....
Et pas que... renchérit Chazuro passant machinalement la main sur sa cicatrice.
Y'a-t-il un autre exemplaire de ce bouquin ? s'inquiéta Astrae
Bouquin ? ne soyez pas vulgaire jeune iop... Ce livre est une véritable œuvre.
Œuvre ? s'exclama Chip's.
Oui ! Je ne voulais pas le donner à ce grossier personnage qui m'a tant torturé, mais c'est effectivement un ouvrage magnifique. Il y en a trois exemplaires connus dans le monde des douze. Il raconte l'histoire des Frozen Tears, c'est en fait les mémoires de l'un d'eux. On peut trouver dans ce livre la position exacte de Frigost, la terre gelée légendaire qui donna aux Frozen le surnom de givrés. Mais aussi certaines informations sur leurs modes de vie, et quelques indices sur leurs trésors.... Un ouvrage fascinant si on y croit bien sûr...
Où peut-on trouver les deux autres exemplaires ? pressa Chazuro, impatient.
Apparemment, cet homme a déjà celui de Bonta et le mien... il reste donc celui de Pandala. Avec un peu de chance vous y parviendrez avant lui.
Direction pandala alors cria Astrae courant vers la porte dérobée...
Tout doux dit Chip's en l'interceptant, Pandala est loin, il faut se préparer un minimum, n'oublis pas que c'est la guerre. Pandala est encore sous contrôle Brâkmarien, mais j'ai peur que cela ne dure pas longtemps...
Merci pour ces précieux renseignements Harry, remercia Chazuro, nous avons beaucoup de chemins à parcourir. »
Nos trois amis se dirigèrent vers le dédale sous-terrain, Harry leur lança un « vous verrez c'est très bien écrit... », mais ils étaient déjà loin. La tête de Chazuro bouillonnait de questions. Qui s'intéressait aussi au Frozen Tears ? c'était apparemment le commanditaire de Sénécia ? mais alors quel rapport avec la guerre entre Bonta et Brakmar ?.... Cette aventure, partie d'un texte dans une cellule, semblait être de plus en plus complexe.
Chip's les mena prestement vers la maison de Lagaffe, dans le salon, le reste de la troupe était de retour. Chacun raconta sa soirée, plus ou moins mouvementée ou mystérieuse.
Chazuro et Astrae décidèrent de partir dès le lendemain matin pour Pandala... l'aventure se poursuivait !
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